Économie de l’empathie dans un bureau d’immigration polonais : mise en jeu des sentiments, reconnaissance des liens familiaux et droit au séjour

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2021

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Kaja Skowronska, « Économie de l’empathie dans un bureau d’immigration polonais : mise en jeu des sentiments, reconnaissance des liens familiaux et droit au séjour », Revue interdisciplinaire d'études juridiques, ID : 10670/1.6nsio9


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Le lien familial constitue un des motifs possibles d’obtention d’un statut administratif pour les étrangers, en Pologne comme dans d’autres pays. Au-delà des règles formelles, la famille est aussi un domaine investi d’une importante charge émotionnelle. Elle est le lieu de l’intime, des sentiments et des attachements. Les agents de l’État qui travaillent à l’intersection des questions de l’immigration et de la famille portent leur regard sur la sphère de l’intime, tout en mobilisant des conceptions de l’altérité et de la similitude. L’émotion peut devenir alors un instrument de catégorisation des migrants. Évaluer le bien-fondé d’une demande de régularisation ou de naturalisation basée sur les liens familiaux revient à évaluer également la véracité des sentiments exprimés par ceux qui la déposent. Dans les street-level bureaucracies chargées de la mise en œuvre de politiques migratoires, le pouvoir discrétionnaire laissé aux agents s’exprime souvent par des gestes en apparence anodins, motivés par l’empathie ressentie par les agents et par leur capacité à lire les sentiments de leur public. Dans cet article, nous nous interrogeons sur les usages de l’émotion dans une agence administrative chargée de la gestion de l’immigration en Pologne, afin d’éclairer la manière dont cette dimension émotionnelle participe à la sélection des migrants perçus comme légitimes.

Family ties constitute a possible ground for the granting of status to foreigners in Poland, as in other countries. However, beyond formal rules, the family is also a domain deeply related to the sphere of emotions. It is a place of intimacy, of feelings and of attachments. State agents working at the intersection of immigration and family issues look into the private sphere while mobilising conceptions of otherness and similarity. Emotion can than become an instrument of categorisation and selection of migrants. Evaluating foreigners’ claims to residence or nationality on the basis of family ties also implies evaluating the sincerity of the feelings they express. In street-level bureaucracies responsible for implementing migration policies, the discretionary power given to administrative agents is often expressed through simple gestures, reflecting the empathy felt by the agents and their ability to read the feelings of their public. In this article, we analyse the different uses of emotion in an agency of this type in Poland, in order to shed light on the ways through which this emotional aspect partakes in the selection of migrants deemed legitimate.

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