10 décembre 2015
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Nadia Ben Ali Ghrandi, « La perception de la religion punique dans la littérature latine », HAL-SHS : littérature, ID : 10670/1.6nuzup
Les guerres puniques ont longtemps été présentées comme la victoire de la civilisation contre la barbarie étant donné que les seules sources à en parler étaient romaines. En ce qui concerne la religion des Carthaginois, les Romains et les Grecs avant eux s'en sont fait une image plutôt négative. Les principaux traits retenus à propos de la religion des Puniques sont leur dévouement acharné à des rites sanguinaires (immolation massive d'enfants en bas âge) et à l'impudique Astarté, pratiques religieuses jugées barbares et scandaleuses. S'ajoutent aux manifestations lugubres de la piété punique un total manquement à la parole donnée et un irrespect sans précédent des serments et traités de guerre, connus communément à Rome sous l'appellation passée en proverbe : punica fides qui s'oppose à la fides, notion éminemment romaine. Toutefois les Grecs et les Romains ont bien dû, à maintes reprises, reconnaître que les Carthaginois pouvaient avoir des pratiques cultuelles tout à fait comparables aux leurs (prières, sacrifices, présents, fondation de sanctuaires dans les pays conquis...) et faire preuve d'une piété exemplaire. Ils ont constaté, en outre, que le panthéon punique était semblable aux leurs et que les Carthaginois étaient même capables de rendre hommage aux divinités étrangères. Il s'ensuit que la perception de la religion punique dans la tradition classique est contrastée et souvent contradictoire.