28 novembre 2019
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Guillaume Teillet, « Une jeunesse populaire sous contrainte judiciaire: De l'incrimination à la reproduction sociale », HAL-SHS : sociologie, ID : 10670/1.6nyy7x
Cette thèse s'intéresse aux médiations sociales par lesquelles la contrainte judiciaire qui s'exerce sur des membres d'une jeunesse populaire poursuivis pénalement encadre un processus de reproduction sociale, saisi à l'échelle de leurs familles respectives. L'enquête s'appuie sur les parcours judiciaires de neuf jeunes suivi·e·s à travers autant de « configurations ethnographiques » deux années durant. Elle montre qu'au terme d'une séquence de fragilisation de leurs cadres familiaux, d'une scolarité de relégation et d'interventions socioéducatives dont les effets se sont avérés aléatoires, Tonio, Nathan, Michel, David, Jean-Marie, Justine, Benjamin, Clément et Pierre sont incriminé·e·s pour des « désordres » identifiés au sein des univers fréquentés en amont des poursuites pénales (la famille, l'école, les foyers de l'enfance, l'espace public). Les professionnel·le·s de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) construisent alors les « problématiques » de ces jeunes, comme autant d'étiologies délinquantes, et mettent en œuvre les programmes correspondants de réforme des délinquant·e·s. Dans le prolongement de leurs placements pénaux, les éducateurs et les éducatrices de la PJJ encadrent des processus d’affiliation juvénile qui passent par la sortie des dépendances familiales et par l’intégration à l’ordre productif depuis les marges de la société salariale... vers des positions sociales homologues à celles de leurs parents, entre temps stabilisées.