Toxicité hépatique des inhibiteurs multikinases

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Les inhibiteurs multikinases (MKI) sont des molécules ciblées qui ont révolutionné la prise en charge des cancers. Cependant, il existe peu de données concernant le risque de toxicité hépatique de ces traitements et la gestion pratique de ces événements. Des perturbations asymptomatiques du bilan hépatique sont fréquemment observées dans les essais cliniques évaluant les MKI, mais les événements hépatotoxiques graves restent rares. Dans la majorité des cas, la période de latence varie d’une semaine à deux mois. La toxicité hépatique liée aux MKI est souvent de type hépatocellulaire et moins fréquemment mixte. Une amélioration du bilan hépatique est observée dans trois quarts des cas après l’arrêt du traitement par MKI, mais des cas d’hépatite médicamenteuse avec évolution fatale ont été rapportés. Le recours aux corticoïdes (20 à 40 mg/jour) a été nécessaire pour des cas d’hépatite liée à l’imatinib, au pazopanib et à l’association vémurafénib-ipilimumab. Puisqu’il n’existe actuellement aucune stratégie préventive, la détection précoce de l’hépatotoxicité aux MKI reste cruciale afin d’éviter les formes sévères. Pour cela, une surveillance de la fonction hépatique durant le traitement pourrait être utile. En l’absence de marqueur spécifique, il est important d’éliminer les autres causes d’atteinte hépatique pour éviter un arrêt non nécessaire de ces molécules.

Multikinase inhibitors (MKIs) are targeted molecular agents that have revolutionized cancer management. However, data concerning MKIs-related liver injury risk and management of liver toxicity events are scarce. Asymptomatic elevation of aminotransferase levels is frequent in MKIs clinical trials, but sever hepatotoxicity is a rare instance. In most cases, latency varies between one week and two months. MKIs-related hepatotoxicity is often hepatocellular and less frequently mixed. Liver function tests spontaneously normalize following drug withdrawal in three quarters of cases, but cases of drug-induced liver injury with fatal outcome have been reported. Glucocorticoids (20-40 mg/day) were necessary in addition to drug withdrawal in case reports of hepatotoxicity related to imatinib, pazopanib, and the vemurafenib-ipilimumab combination. As there is no strategy available to prevent MKIs-related liver injury, early detection remains essential to prevent evolution to liver failure. To this end, surveillance of liver function tests during treatment may be useful. It is crucial that potential causes of hepatic injury be excluded to avoid unnecessary withdrawal of these molecules.

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