13 novembre 2023
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Lucile Lebrette, « Les usages de l’altérité », Terrains/Théories, ID : 10670/1.6p1ukk
La frontière italo-française est un espace où s’effectue une sélection entre des voyageur·ses désiré·es et les « indésirables ». Fondant leurs contrôles sur une appréhension stéréotypée du « migrant », les forces de l’ordre participent au processus d’altérisation de la figure de l’exilé·e. Les exilé·es sont alors homogénéisé·es sous une catégorie qui les réduit à une « race », à une classe sociale et à une figure criminelle. Néanmoins, l’altérité imposée à la frontière n’est pas seulement le résultat d’une stigmatisation subie : elle représente aussi la source à partir de laquelle se déploie toute une agentivité migratoire permettant aux exilé·es de déplacer les frontières sociales et de franchir la frontière territoriale. Cet article vise donc à appréhender les tactiques migratoires de contre-altérisation, au prisme d’un terrain d’observation particulier : le « breakfast » du collectif Kesha Niya. Situé à quelques mètres des PAF (Police aux frontières) du côté italien, le breakfast est un lieu qui accueille les exilé·es à peine refoulé·es en Italie. Devenu escale incontournable dans le paysage local, il constitue un terrain d’observation particulièrement riche pour étudier les stratégies de reconfiguration des rapports sociaux d’altérité entre exilé·es et militant·es – reconfiguration qui ouvre la voie au passage des frontières.