Assistez la sexualité de la personne en situation de handicap : une cause sexuelle pas si nouvelle

Résumé Fr

Depuis une dizaine d'années en France émerge l'idée de la création d'un statut d'assistant-es sexuel-le-s aux personnes handicapées. S'inspirant d'expériences étrangères qui existent depuis les années 70 aux États-Unis, et plus récemment en Suisse, des collectifs essentiellement de personnes en situation de handicap propose de réfléchir à la possibilité d'instaurer une exception dans la loi de répression contre le proxénétisme. Son but est de permettre aux plus lourdement handicapés de bénéficier d'une assistance sexuelle dispensée par des assistant-e-s valides sélectionné-e-s, formé-e-s et diplômé-e-s. Le plus intéressant, nous concernant, avec le projet d'assistance sexuelle est la démocratisation de la question sexuelle liée au handicap : en effet, si celle-ci est éminemment politique, l'assistance devient aujourd'hui un problème public à part entière, à propos duquel les personnes handicapées s'organisent pour interpeller le législateur. C'est autour de cette métamorphose que j'aimerais intervenir : ou en d'autres termes, réfléchir à la constitution de l'assistance sexuelle comme une cause sexuelle légitime en France. Pour ce faire, je propose un détour sociohistorique. L'idée est de revenir sur les écrits d'un militant handicapé des années 50, Jean Adnet, qui a cherché à instaurer une vocation à l'amour handicapé chez les femmes valides chrétiennes. Si ce projet n'a pas abouti, les écrits qu'il a légués dans ses livres, mais aussi dans différentes tribunes et billets d'humeur publiés dans la presse, sont évocateurs de la possibilité ou non de constituer une cause sexuelle liée au handicap des années 50 jusqu'au début des années 70, et mieux comprendre ainsi pourquoi la question se pose à nous aujourd'hui en ces termes. Cette réflexion entre dans le cadre plus global d'une thèse de doctorat en sociologie intitulée « Sens interdits : une enquête sociologique sur Amour et Handicap » sous la codirection de Jacques Rodriguez (Lille 3) et de Geneviève Cresson (Lille 1), autour d'une sociohistoire de l'assistance à la sexualité des personnes en situation de handicap.