2014
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Pauline Letortu et al., « Taux d’ablation des falaises crayeuses haut-normandes : l’apport du scanner laser terrestre », HAL-SHS : géographie, ID : 10.4000/geomorphologie.10588
Les falaises de Haute-Normandie connaissent une intense dynamique régressive qui a surtout été étudiée à travers le suivi du haut de falaise. La comparaison de l’orthophotographie de 2008 (BD Ortho®, IGN) avec l’analyse photogrammétrique initiale (1966-1995 ; Costa, 2000) fournit des résultats sur une période plus longue (1966-2008, soit 42 ans). Ces vitesses ont été calculées tous les 50 m pour mettre en évidence des phénomènes de grande échelle, notamment l’influence des obstacles comme les éboulements/écroulements majeurs ou les jetées portuaires, induisant une multiplication par trois à quatre de l’ablation. Au-delà de l’approche classique de l’estimation des vitesses de retrait, une évaluation des modalités de recul des falaises crayeuses (fréquence et intensité) a été menée entre Étretat et Le Tréport grâce au suivi des éboulements/écroulements recensés sur les photographies aériennes verticales de l’IGN préalablement géoréférencées (1939-1995) et sur les orthophotographies (2000 et 2008). Un inventaire des éboulements/écroulements entre 2002 et 2009 (association ESTRAN) et sur 37,5 km de côte complète les informations obtenues. Associées aux vitesses d’ablation, ces valeurs permettent de préciser les modalités d’évolution de ces côtes à falaises. Schématiquement, deux secteurs aux dynamiques distinctes sont observés. Le premier secteur (cap d’Antifer/Saint-Valéry-en-Caux et Dieppe/Le Tréport) a des vitesses de recul faibles à modérées (de 0,09 à 0,18 m/an) et se caractérise par des éboulements/écroulements rares mais volumineux (médiane de l’aire de départ de l’éboulement/écroulement de 700 m² pour Fécamp/Életot). Le second secteur (Saint-Valéry-en-Caux/Dieppe) est affecté par des vitesses de recul plus importantes (0,23 m/an), et les éboulements/écroulements y sont plus fréquents mais peu volumineux (médiane de l’aire de départ de l’éboulement/écroulement de 200 m² pour Quiberville/Dieppe). Grâce au Service Littoral de l’association ESTRAN, l’inventaire hebdomadaire des éboulements/écroulements réalisé entre Veules-les-Roses et Le Tréport (2002-2009) fournit statistiquement des éléments de réponse quant à la fréquence d’occurrence et les périodes de retour des éboulements/écroulements (ajustements à la loi de puissance). Ces valeurs corroborent les mesures de recul établies par photo-interprétation puisque là encore, le secteur du cap d’Ailly apparaît comme le plus dynamique : un éboulement/écroulement de plus de 1 000 m3 par km linéaire est attendu tous les 6 mois contre tous les 2 à 3 ans pour les autres secteurs (Veules-les-Roses/Le Tréport, Hautot-sur-Mer/Bracquemont). Les informations obtenues présentent un grand intérêt pour la cartographie de l’érosion côtière.