7 octobre 2019
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Sarah Loudin, « Peut-on évaluer expérimentalement l'impact des processus participatifs en gestion de l'eau ? Etude d'une méthode générique ciblant l'évaluation de capabilités. », Archive Ouverte d'INRAE, ID : 10670/1.6rtw9m
L'implication des populations dans les processus de décision concernant la gestion de leurs ressources naturelles a été encouragée par les acteurs institutionnels, de l'échelle nationale à l'échelle internationale. L’évaluation de ces processus est importante pour déterminer leur efficacité et renforcer leur gouvernance. C'est pourquoi nous avons proposé avec cette thèse de développer un outil d'évaluation des impacts des processus participatifs dans le temps sur les personnes y prenant part. Pour ce faire, nous explorons l’utilisation d’une expérimentation sociale et nous nous concentrons sur les capabilités des participant·e·s, c’est-à-dire leurs libertés d’être et de faire auxquelles ils accordent de la valeur. Ainsi, la principale question de recherche de cette thèse est la suivante : est-il possible d’utiliser une expérimentation sociale basée sur un jeu de rôle pour évaluer l’impact des processus participatifs pour la gestion de l’eau sur leurs participant·e·s ?Nous nous sommes concentrés sur trois capabilités liées à la prise de décisions participative dans le domaine de la gestion des ressources en eau : être capable de s’exprimer dans un contexte social déterminé ; être capable de faire collectivement le diagnostic d'une situation problématique ; et être capable de collectivement établir des règles pour gérer un socioécosystème et de les mettre en oeuvre.Nous avons conçu l’expérimentation CappWag, un outil d’évaluation mixte reposant sur un jeu de rôle ad hoc appelé CAPPWAG (divisé en une version ex ante, CAPPWAG-RIVIERE, et une version ex post, CAPPWAG-LAC), un questionnaire et un débriefing collectif. Nous avons mis en oeuvre l’expérience CappWag sur deux études de cas : une unique évaluation de capabilités en Tunisie dans le cadre du projet PR-OSCAR ; et une évaluation ex ante ex post en France avec des étudiant·e·s de première année de Master participant à un cours de trois mois sur la gestion intégrée des ressources en eau. Les résultats ont montré que les capabilités évaluées dans les douze groupes de participant·e·s variaient considérablement en termes d’existence et de développement. Dans le cas du Master Eau, l’évolution des trois capabilités au cours des trois mois de cours était tout aussi diverse. Elles n’ont en effet pas toujours augmenté et parfois même diminué. La méthodologie que nous avons utilisée pour analyser les données s'est avérée être un compromis intéressant entre la collecte et le traitement des données et la précision des résultats finaux fournis aux chercheurs, mais également aux praticiens et aux participants. L'évaluation des capabilités collectives a été la partie la plus difficile des analyses, en raison des multiples configurations possibles de groupes qui peuvent avoir lieu pendant un atelier. Malgré les efforts entrepris pour rendre l'outil d'évaluation aussi attrayant que possible pour les participant·e·s et les praticien·ne·s, son inclusion dans de vraies processus participatifs pourrait encore être améliorée, afin de garantir sa double mise en oeuvre (ex ante et ex post). L’approche par les capabilités qui sert de cadre conceptuel à cette thèse présente de solides atouts pour saisir les motivations, les intérêts et les capacités des participant·e·s en termes de gestion des ressources en eau et d’action collective. Afin d’être encore plus utile aux praticien·ne·s et aux participant·e·s, notre outil d’évaluation tirerait profit de la collecte et du traitement d’informations supplémentaires concernant la participation des personnes au processus participatif ou à la formation évalués dans la vie réelle, ainsi qu’aux événements et aux dynamiques sociales s’y déroulant.