Nerfs, sensibilité et motricité à la fin du Moyen Âge (XIIIe-XVe siècle) : entre philosophie naturelle, théories physiologiques et pratique médicale

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2021

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Laetitia Loviconi, « Nerfs, sensibilité et motricité à la fin du Moyen Âge (XIIIe-XVe siècle) : entre philosophie naturelle, théories physiologiques et pratique médicale », Revue d'histoire des sciences, ID : 10670/1.6slgv1


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Dans ses œuvres de philosophie naturelle et de physiologie, Aristote a considéré le cœur comme principe de la sensibilité et des mouvements locaux des membres locomoteurs, en attribuant ces mouvements à l’intervention de structures dénommées neurâ (désignant indistinctement tendons, ligaments et nerfs), dont certaines seraient présentes dans le cœur, d’autres attachées aux os et supposément dérivées de vaisseaux issus du cœur. Au contraire, selon Galien, le cerveau et la moelle épinière sont le lieu de naissance des nerfs, par l’intermédiaire desquels les parties corporelles seraient sensibles et susceptibles de mouvements volontaires. Entre la seconde moitié du xie siècle et le xive siècle, ces théories adverses furent portées à la connaissance des médecins médiévaux de l’Occident latin, d’une part, par des traductions arabo-latines et gréco-latines des œuvres d’Aristote et de Galien, d’autre part, à travers les adaptations, les lectures et les interprétations que médecins et philosophes arabes avaient faites à partir de ces mêmes œuvres.Dans cet article, nous nous focalisons donc sur la fin du Moyen Âge afin d’examiner la façon dont les médecins de l’Occident latin réfléchirent à l’anatomie et au statut des nerfs, en relation avec les facultés sensitive et motrice, au sein de practicae, œuvres faisant se côtoyer une perspective pratique et l’apport de données théoriques médicales. Afin de saisir les éventuelles parentés et singularités des discours de practicae, nous présentons dans un premier temps la façon dont ont été discutés ces sujets dans quelques œuvres scolastiques de théorie médicale ( xiiie- xve siècle). Nous analysons ensuite les discours développés dans des practicae pour déterminer comment les auteurs de telles œuvres ont mobilisé des sources divergentes relevant de la philosophie naturelle et de la théorie médicale, dans le cadre de l’élaboration d’une médecine revendiquant le statut de science pour son versant théorique. Nous envisageons aussi dans quelle mesure les solutions et conceptions retenues par ces auteurs ont pu interagir avec l’exercice médical (mise en œuvre des diagnostics, des pronostics, des explications étiologiques, des conseils thérapeutiques).

In his works on natural philosophy and physiology, Aristotle considered the heart to be the seat of sensibility and the local movements of the limbs, attributing these movements to the intervention of structures called neurâ (indistinctly designating tendons, ligaments and nerves), some of which were thought to be present in the heart, and others attached to bones and supposedly derived from vessels originating in the heart. On the contrary, according to Galen, the brain and spinal cord were the origin of the nerves thanks to which the body parts would both be sensitive and susceptible to voluntary movement. Between the second half of the 11th century and the 14th century, these opposing theories were brought to the attention of medieval physicians in the Latin West, through both Arab-Latin and Greek-Latin translations of the works of Aristotle and Galen, and through the adaptations, readings and interpretations that Arab physicians and philosophers made of these same works.In this article, we focus on the late Middle Ages in order to examine the way in which physicians in the Latin West explored the anatomy and status of nerves in relation to the sensory and motor faculties in practicae, works that combine a practical perspective with the contribution of theoretical medical data. In order to grasp the possible similarities and singularities of the discourses in the practicae, we first present the way in which these subjects have been discussed in some scholastic works of medical theory (13th–15th century). We then analyse the discourses developed in the practicae in order to determine how the authors of such works mobilised divergent sources from natural philosophy and medical theory in the development of a medicine claiming the status of science for its theoretical side. We also consider the extent to which the solutions and conceptions adopted by these authors could interact with medical practice (implementation of diagnoses, prognoses, etiological explanations, therapeutic advice).

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