2020
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Laura Abou Haidar, « Pour un atlas numérique sonore des langues vernaculaires du monde arabophone (ANSOLVAR) », HAL-SHS : linguistique, ID : 10670/1.6t9m1e
Les langues font partie intrinsèque du patrimoine immatériel de l’humanité. La question de leur pérennité voire de leur survie est essentielle : plusieurs milliers de langues du monde sont menacées d’extinction (Crystal, 2002 ; Dixon, 1997 ; Maffi, 2003), et leur sauvegarde est une question dont chercheurs, organismes internationaux et fondations se sont emparés ces dernières décennies. Dans le domaine des sciences du langage, la « révolution numérique » ouvre d’importantes perspectives pour ce qui est de la collecte, de l’organisation et de l’analyse de données orales de différente nature. Notre engagement scientifique antérieur dans un projet international de recherche sur la constitution de corpus oraux de locuteurs de diverses origines géodialectales arabophones (Abou Haidar et al., 2013), couplé à un intérêt de longue date pour l’analyse linguistique de l’arabe standard moderne (Abou Haidar, 1994, 1996), nous amène à considérer que l’élaboration d’un « Atlas numérique sonore des langues vernaculaires du monde arabophone » (ANSOLVAR) serait une garantie de préservation du patrimoine oral immatériel du monde arabophone. En effet, si l’on prend en compte la situation géopolitique du monde arabophone, son instabilité chronique, les situations de guerre qui entraînent des mouvements migratoires massifs quand ce ne sont pas des populations entières qui sont décimées, il paraît évident que les langues en usage dans cette partie du monde subissent des bouleversements majeurs. Le recours au numérique, à travers la constitution d’un atlas numérique sonore de langues vernaculaires, peut constituer une solution de sauvegarde digne d’intérêt sur le plan patrimonial. Ce sont toutes ces questions qui seront présentées et débattues dans le cadre de cette contribution.