2 juin 1995
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O'Connell Anne-Marie, « "Les figures du surnaturel dans la mythologie et le folklore irlandais" », HAL-SHS : sciences de l'éducation, ID : 10670/1.6tem16
L'objet de la présente étude consiste en une analyse sémiotique de récits anciens et folkloriques dont nouspostulons la ressemblance au niveau narratif et à celui des figures mises en scène. Le résultat estconstamment confronté à la théorie dumézilienne de la tripartition fonctionnelle indo-européenne.Partant d'un constat narratif selon lequel l'Autre Monde ne se laisse appréhender qu'après une/métamorphose/, nous en examinerons tour à tour les divers composants.Nous commencerons ainsi par l'étude des /contenants/, le plus souvent des animaux, divisés en deuxgroupes: d'une part, les animaux domestiques /chthoniens/ liés à la "production" et à la royauté (le bétail),à la "consommation" comme transition vers l'Autre Monde et acquisition de /savoir/ (le porc), ou à laconfiguration de la guerre, du passage de l'eau et de la mort (le cheval et, dans une moindre mesure, lelapin), ou à la définition d'une frontière séparant le monde humain d'un Autre Monde hostile que garde lechien.D'autre part, les animaux "sauvages" /chthoniens/, objet d'un PN /poursuite/ (cerf, lièvre, et sanglier)parcourent un espace "connu" pour faire surgir le monde surnaturel d'un point de jonction souterrain.Enfin, l'oiseau, "messager" à la fois /aquatique/ et /solaire/, met en évidence la structure spatio-temporellede la "direction" et de la "perte de la notion du temps" qui offre une piste pour la localisation de l'AutreMonde.La deuxième partie s'ordonne autour des /contenus/ à forme humaine, qui ne peuvent s'analyser qu'enopposition les uns aux autres. C'est ainsi que la femme surnaturelle régit deux pôles antithétiques: figuresde la /conjonction/ l'associant au "mariage" (ou au "deuil"), figure de la /disjonction/ dont la fonction estd'arracher l'homme à la vie pour aller versl'Autre Monde.Nous opposerons ensuite avec profit la figure du "guerrier" à celle de son /oppossant:et /destinateur/ le"rustaud": si le premier, agressif et solaire, "tue" et "doit-être-vu", le second incarne, par son arme (la"massue") la mort comme transition et régénérescence vers une vie meilleure.Enfin, une troisième partie traitera des notions du temps et de l'espace, dont les distorsions sont lamanifestation d'une communication entre les deux univers.Dans un premier temps, nous verrons que temps atmosphérique et chronologique sont fixés en un"moment" (été, banquet sans fin) symbolisant l'éternité et la vie de délice des dieux, par opposition auxfigures de "massacres" et de "disette" qui font de l'Autre Monde un séjour des morts ,dont on ne revientpas car l'éternité est contradictoire avec l'écoulement du temps (le "voyage").La rupture du temps qu'est la mort (la "massue") est aussi une transmission de /savoir/ ("prophétie" avecla "baguette de bois")Dans un deuxième temps, l'examen de l'espace, terrestre ou aquatique, franchi grâce à un /don/detalismans, peut se transformer à volonté (taille et aspect).Nous en déduisons qu'il s'agit là d'une tentative des rédacteurs de ces textes pour représenter un concepthors du monde (l'Autre Monde est unique) mais avec qui l'on peut communiquer par des points dejonction (tertre, colline, grotte, île).Ce lieu a pour double fonction de concilier séjour de mort et des défunts ("passage") et séjour enchanteurde ceux qui sont délivrés de la mort.