Lutte contre la radicalisation des familles : la tentation sécuritaire du dispositif de protection de l’enfance

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2022

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Lionel Clariana, « Lutte contre la radicalisation des familles : la tentation sécuritaire du dispositif de protection de l’enfance », Sciences & Actions Sociales, ID : 10670/1.6tlcar


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À un niveau interinstitutionnel, prévenir ou traiter la radicalisation islamiste violente des familles passe par l’association régulière du dispositif de protection de l’enfance à celui de répression. Conçus au départ pour traiter dans une perspective émancipatrice les situations de risque ou de danger pour un mineur, les outils « protection » peinent aujourd’hui à s’adapter aux spécificités de contrôle et de normalisation d’individus catégorisés à partir de leur pratique cultuelle, fût elle déviante, délinquante ou criminelle.Pour remédier à cette difficulté, depuis 2014 et la lutte contre la « radicalisation », le législateur ne cesse d’adapter les mesures éducatives de protection à l’exceptionnalité des événements. Ce faisant, il opère un glissement des compétences des conseils départementaux, jusqu’alors chef de file en la matière, vers les services de l’État (PJJ, ARS, Éducation nationale). Il détourne ainsi les procédures de leur finalité première et assouplit à l’extrême le cadre des interventions pour les mettre au service exclusif du traitement de l’enfant dangereux avec sa famille.Avec la « radicalisation », on assiste donc à une construction politico juridique strictement sécuritaire du champ de la protection en direction d’un public cible, moins soucieuse dans sa conception de l’intérêt et des besoins des individus que de la préservation d’un certain ordre social et public.

At an inter-institutional level, to prevent or to treat the violent Islamist radicalisation of families requires the regular association of child protection measures with those countering repression. But the “protection tools” initially designed to free juveniles from risky or dangerous situations struggle today to adapt themselves to the specific requirements for the control and normalisation of individuals categorised by their cult-like practices – be they deviant, delinquent, or criminal.To address this difficult situation, since 2014 and the fight against “radicalisation”, the Legislature has continually modified educational measures focused on protection in response to exceptional events. Doing this has shifted jurisdiction from departmental authorities, whose responsibility it was, to the national level (PJJ, ARS, national education services). In so doing, these legislative actions have altered the focus of these measures from their initial goals and have relaxed to an extreme the intervention framework such that, in virtually all cases, the treatment services act against an endangered child and his/her family.As a result of “radicalisation”, we are witnessing a political-legal structuring strictly focused on protecting the security of the general public, its conception is less concerned with the interests and needs of individuals than with the preservation of social and public order.

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