The Romantic Prostitute and her After-Life. Transfigurations of a Cliché

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Un consensus semble prévaloir parmi les chercheurs en études romantiques françaises, selon lequel la figure de la prostituée romantique est un cliché : en tous cas, elle est clairement désignée comme un « poncif », un « archétype », et un « stéréotype ». Cet article s’intéresse d’abord aux implications conceptuelles et historiques de ce consensus de façade sur le statut littéraire de la prostituée romantique. L’article se concentre ensuite sur une question historique : bien que la figure de la prostituée romantique soit omniprésente dans la littérature de cette période, elle n’est pas une invention ni un produit de cette période. Si la prostituée romantique est un « archétype » et un cliché, c’est aussi parce qu’elle précède l’époque du romantisme littéraire. De Marie-Madeleine aux prostituées de la période moderne, comme on en trouve par exemple dans Manon Lescaut, de Prévost, Les Amours de Milord Edouard, de Rousseau, ou La Courtisane vertueuse, de Restif de la Bretonne, la prostituée romantique a une préhistoire littéraire aussi complexe que manifeste. Cet article pose la question de savoir si la prostituée romantique a eu une histoire littéraire après le romantisme. Il émet l’hypothèse qu’en effet, elle en a eu une, et offre une série d’analyses de prostituées littéraires ultérieures (de Zola à Céline), qui ont pour matrice la prostituée romantique mais lui font également subir des mutations à la fois politiques, sociologiques et esthétiques.

There seems to be a consensus among researchers specializing in French literary romanticism that the “romantic prostitute” comes close to being a cliché. She has been called “poncif,” an “archetype,” and a “stereotype.” This article first discusses the conceptual and historical implications of this seeming concord on the status of the literary romantic prostitute. The article then raises a historical issue: although the figure of the prostitute is indeed omnipresent in the romantic era, she is arguably not an invention or a product of this period. If the romantic prostitute is an “archetype” and a cliché, it is also because she preceded the literary epoch of romanticism. From Maria Magdalena to early modern prostitutes including Prévost’s Manon Lescaut, Rousseau’s Les Amours de Milord Edouard, or Restif de la Bretonne’s La Courtisane vertueuse, the romantic prostitute has a complex but apparent literary prehistory. This article wonders whether the romantic prostitute also had a literary history after romanticism. It argues that the romantic prostitute did have a literary life after romanticism and will accordingly make a series of analyses of ulterior literary prostitutes (from Zola to Céline) that have the romantic prostitute as a matrix whilst having her undergo both political, sociological, and aesthetic mutations.

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