2024
Cairn
Carsten Meiner, « The Romantic Prostitute and her After-Life. Transfigurations of a Cliché », Revue de littérature comparée, ID : 10670/1.6xr7gz
Un consensus semble prévaloir parmi les chercheurs en études romantiques françaises, selon lequel la figure de la prostituée romantique est un cliché : en tous cas, elle est clairement désignée comme un « poncif », un « archétype », et un « stéréotype ». Cet article s’intéresse d’abord aux implications conceptuelles et historiques de ce consensus de façade sur le statut littéraire de la prostituée romantique. L’article se concentre ensuite sur une question historique : bien que la figure de la prostituée romantique soit omniprésente dans la littérature de cette période, elle n’est pas une invention ni un produit de cette période. Si la prostituée romantique est un « archétype » et un cliché, c’est aussi parce qu’elle précède l’époque du romantisme littéraire. De Marie-Madeleine aux prostituées de la période moderne, comme on en trouve par exemple dans Manon Lescaut, de Prévost, Les Amours de Milord Edouard, de Rousseau, ou La Courtisane vertueuse, de Restif de la Bretonne, la prostituée romantique a une préhistoire littéraire aussi complexe que manifeste. Cet article pose la question de savoir si la prostituée romantique a eu une histoire littéraire après le romantisme. Il émet l’hypothèse qu’en effet, elle en a eu une, et offre une série d’analyses de prostituées littéraires ultérieures (de Zola à Céline), qui ont pour matrice la prostituée romantique mais lui font également subir des mutations à la fois politiques, sociologiques et esthétiques.