29 juin 2022
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Marine Achard, « Ecrire en écho : le recours aux mythes grecs dans les romans de Sylvie Germain et Henry Bauchau », HAL-SHS : littérature, ID : 10670/1.6zhb57
La proximité de pensée de Sylvie Germain et Henry Bauchau se fonde en grande partie sur les mythes grecs auxquels les deux écrivains recourent pour leurs romans. Dans le contexte littéraire d’un retour au récit et à la fiction, au tournant du XXIe siècle, la mythologie leur offre un moyen de représenter le réel et de figurer les violences et les malheurs charriés par l’Histoire du XXe siècle, en dépit du désenchantement que ceux-ci ont provoqué. La thèse montre comment l’écriture romanesque prend chez eux l’apparence d’une quête ontologique associée à une visée éthique : il s’agit en effet de représenter et d’élucider les forces de mort à l’œuvre dans le monde, mais aussi de prendre en charge la souffrance et d’interpeller le lecteur à ce sujet, par le biais des récits, des figures, des formes poétiques et des mots mêmes des auteurs de l’Antiquité. De ce point de vue, l’image de l’écho doit se comprendre comme mémoire des paroles du passé, relais entre ces paroles passées et celles du présent, jeu de correspondance entre différentes paroles perçues comme contemporaines les unes des autres, mais également comme phénomène sonore se déployant dans l’espace pour être entendu. La thèse s’attache en effet à démontrer comment Sylvie Germain et Henry Bauchau misent aussi sur la dimension énonciative et la portée pragmatique du mythe conçu dans un contexte particulier, pour un public donné. Aussi cherchent-ils à reproduire par l’écriture romanesque les gestes artistiques du sculpteur, du peintre, de l’acteur ou du musicien et à mettre en place dans leurs romans les enjeux d’une véritable performance artistique, en prise directe avec leurs lecteurs.