2019
Cairn
Victor Dermenghem, « Dé/Reconstruire la « culture club » », Audimat, ID : 10670/1.70cdmy
Paisiblement installés dans le milieu de ces années 2010, nous étions toute une équipée à avoir l’impression que la « culture club » stagnait à force de variations confortables de house et de techno millésimée. Pendant ce temps, une foule de morceaux en apparence ni faits ni à faire nous passait sous le nez sur SoundCloud, nous touchant un tympan sans faire bouger l’autre. Et puis surprise : quelques années plus tard, certains des pseudonymes cryptiques qui hantaient cette zone grise sont devenus les phares d’une nouvelle scène aux contours certes encore mal définis, mais c’est tant mieux. Grâce à Victor Dermenghem, thésard et activiste radio installé à Londres, on se trouve forcé de reconnaître qu’une bonne part de la musique électronique actuelle ne ressemble pas à grand-chose de son passé récent. Elle dépasse, en effet, les dichotomies entre musique fonctionnelle et musique « men- tale » mieux que ne l’avait jamais fait l’intelligent dance music. Surtout, elle fait le lien entre expérience minoritaire, « queerisation » des sons, et transferts d’influences « par le bas » dans ce qui constituait auparavant les périphéries de la scène dance mondiale. Le lien croissant entre ces artistes et des labels « métropolitains » capables de les médiatiser à grande échelle, comme Night Slugs ou PAN, risque de tempérer un peu l’optimisme dont fait preuve Victor dans sa lecture « symptômale » de la scène. Mais on ne peut que se réjouir de la façon dont ce réseau d’artistes et de sons nous sort d’une culture club pantouflarde pour en dépasser la marginalité autoproclamée – et largement mythique – et tracer de nouvelles diagonales.