4 juillet 2017
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Natacha Aveline-Dubach, « La centralité du foncier dans le régime d’accumulation du capital en Chine », HAL-SHS : sciences politiques, ID : 10.4000/regulation.12262
Cet article établit un dialogue entre les régulationnistes et des spécialistes de l’urbain, afin que les dynamiques foncières et immobilières, grandes impensées de la Régulation, puissent trouver leur juste place dans l’analyse des régimes capitalistes contemporains. Le cas de la Chine apparaît particulièrement emblématique du rôle central que peut prendre la valorisation foncière dans un modèle de croissance. Cet article aborde ce cas au prisme de l’État développeur (ED), un cadre d’analyse qui resitue l’expérience chinoise dans son contexte régional. Trois grands aspects de la théorie de Johnson (1982) sont mobilisés ici pour mettre en lumière le rôle pivot de la valorisation foncière dans le processus d’accumulation du capital en Chine : l’accent porté par l’État sur la croissance du PIB, son contrôle sur l’allocation du capital au sein de l’économie, et ses manifestations de protectionnisme et de nationalisme économique. Cette lecture au prisme de l’ED révèle l’usage de l’inflation foncière comme base de la politique macroéconomique de l’État chinois — au niveau central et local —, à travers la promotion de l’investissement résidentiel comme véhicule privilégié de placement. Les pratiques sélectives d’octroi du crédit bancaire et les freins au développement des marchés financiers ont conduit à la prolifération d’une finance grise faiblement surveillée, reposant en partie sur du nantissement de terrains. Pour garder le contrôle de la rente foncière et assurer son appropriation par les acteurs nationaux, l’État a considérablement restreint l’investissement étranger sur les marchés immobiliers intérieurs, et s’est attaché dans le même temps à orienter l’excès d’épargne nationale vers l’investissement immobilier outre-mer. Ces constats mettent en lumière le rôle pivot des marchés fonciers et immobiliers dans la construction des formes institutionnelles fondamentales définies par le cadre régulationniste.