Au-delà du « petit Paris », la longue histoire de la « banlieue municipale » -XIXe -XXe siècles

Fiche du document

Date

2024

Périmètre
Langue
Identifiants
Collection

Archives ouvertes

Licence

info:eu-repo/semantics/OpenAccess


Résumé En Fr

According to Le Corbusier, “the mission of urban planning [is] to put a civilization ‘in its furniture’”; not in a disorderly fashion, but in “respect for the past [according to a] filial attitude, natural to any creator”. In a way, designing urban architecture means appropriating the history of a place, mastering its fracture lines to better temper and heal them. In the Seine department, the original and historic territory of Greater Paris, social life is fragmented and segregated. Since the Second Empire and the industrial take-off, its suburbs have had their poor towns and their rich towns; they have been covered with working-class towns, “essentially bourgeois-minded towns” and towns with a more heterogeneous sociological profile. In the 1920s and 1930s, urbanization - described as sprawling and anarchic by Henri Sellier, a leading inter-war municipal theorist and practitioner - did not spread uniformly across the 80 communes of the Seine suburbs. In 1935, two-thirds of the Seine département was urbanized, but of its 47,381 hectares, 14,995 remained “free”, mainly in suburban communes. In the aftermath of the Second World War, the rural suburbs of Seine, with their farmland and state-owned forests, offered a formidable lever for densifying the Paris conurbation. Fifteen years later, in 1950, the Seine department boasted just 4,300 hectares of cultivated land, including allotments. As the population grew, urbanization became a fact of civilization in the suburbs, where those involved - mayors, general councillors, members of parliament, town hall secretaries, etc. - took advantage of the different scales of public intervention, sometimes communal, sometimes inter-communal, sometimes metropolitan, to defend their territory and legitimize their actions. It was in this capital territory, from the 1880s to the 1930s, that a powerful parochial patriotism was forged, identified with a mutualized system of administration and governance of the suburban municipalities of Greater Paris: the “municipal suburb”. This contribution puts its history into perspective by highlighting the singular features of this metropolis and its suburban townsTranslated with DeepL.com (free version)

Selon Le Corbusier, « l'urbanisme [a] pour mission de mettre une civilisation "dans ses meubles" » ; non pas de façon désordonnée, mais dans « le respect du passé [selon une] attitude filiale, naturelle à tout créateur» . Concevoir de l'urbain ouvragé, c'est en quelque sorte s'approprier l'histoire d'un lieu, maîtriser ses lignes de fractures pour mieux les tempérer, les panser. Dans le département de la Seine, territoire originel et historique du Grand Paris, la vie sociale est fractionnée et ségrégée. Depuis le Second empire et le décollage industriel, sa banlieue a ses villes pauvres et ses villes riches ; elle s'est couverte de villes populaires, de « villes d'esprit essentiellement bourgeois », de villes au profil sociologique plus hétérogène. Dans les années 1920 et 1930, l'urbanisation, présentée comme tentaculaire et anarchique, par l'incontournable praticien et théoricien municipal de l'entre-deuxguerres, Henri Sellier, n'a pas étendu uniformément son emprise sur les 80 communes de la Seine banlieue . En 1935, le département de la Seine était urbanisé aux deux tiers mais sur ses 47 381 hectares, 14 995 restaient « libres » et se situaient principalement dans les communes suburbaines. La Seine banlieue rurale, ses terres agricoles, ses forêts domaniales offraient ainsi, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, un formidable levier de densification de l'agglomération parisienne. Quinze ans plus tard, en 1950, le département de la Seine ne comptait plus que 4 300 hectares cultivés incluant les jardins familiaux. Sous l'effet de l'accroissement démographique, l'urbanisation devient un fait de civilisation dans des banlieues dont les acteurs -maires, conseillers généraux, parlementaires, secrétaires généraux de mairie…se saisissent de différentes échelles d'interventions publiques tantôt communale, tantôt intercommunale, tantôt métropolitaine pour défendre leur territoire et légitimer leur action. C'est dans ce territoire capitale que se forge, des années 1880 aux années 1930, un puissant patriotisme de clocher, identifié à un système mutualisé d'administration et de gouvernance des municipalités suburbaines du Grand Paris : la « banlieue municipale » . Cette contribution met en perspective son histoire en soulignant les traits singuliers de cette métropole et de ses villes de banlieues qui ont été les laboratoires de politiques publiques innovantes et le lieu d’affermissement des identités communales. Ce patriotisme municipal ne peut être simplement caricaturé sous les traits d’un esprit de clocher étroit et querelleux.

document thumbnail

Par les mêmes auteurs

Sur les mêmes sujets