2025
Cairn
Hocine Zeghbib, « Codifier la nationalité algérienne à l’indépendance. Soubassement sociohistorique et formalisation juridique », Outre-Mers, ID : 10670/1.716ad2...
L’indépendance de l’Algérie posait la question de savoir quelle nationalité attribuer à ses habitants d’alors, musulmans, pieds-noirs et juifs. Le code de la nationalité de 1963 distingua entre nationalité d’origine et nationalité d’acquisition. La nationalité algérienne d’origine fut attribuée d’office aux seuls Français musulmans sur la base de la jouissance du « statut musulman » par une double filiation en ligne paternelle née en Algérie. Ce critère eut pour autre conséquence d’introduire une ambiguïté aux effets structurants : alors que le « statut musulman » de la période coloniale n’était pas d’ordre confessionnel, il en prit l’apparence dans le code de la nationalité rendant ainsi fluide et « naturel » le lien entre nationalité, identité, islamité et arabité, ces deux derniers éléments étant par ailleurs donnés pour caractéristiques de la nation algérienne. L’inclusion tardive de l’amazighité parmi ses traits marquants n’en transforme pas fondamentalement la nature qui, d’ethnoreligieuse, devient au mieux ethnoculturelle. En revanche, la consécration en 2005 de la binationalité, qui implique l’indifférence aux affiliations ethniques, religieuses ou culturelles, affecte pareille conception de la nation.