2011
Cairn
Alice Bravard, « Le cercle aristocratique dans la France bourgeoise 1880-1939 », Histoire, économie & société, ID : 10670/1.73570c...
Dans un ouvrage de référence qui paraissait il y a plus de trente ans, Maurice Agulhon démontrait que l’embourgeoisement de la société française sous la Monarchie de Juillet avait entraîné le déclin des modes de sociabilité aristocratique, tels que les salons, et l’émergence de nouvelles pratiques issues d’une culture roturière, libérale et égalitaire, comme celle des cercles, qui se multiplièrent et se diversifièrent sur le territoire après 1830. Sans remettre en cause la validité de cette évolution propre à la première moitié du siècle, nous en expliquerons les limites, en nous appuyant sur un important fonds documentaire portant sur l’histoire des grands cercles de Paris entre la fin du XIXe et le début du XXe siècles. En effet, pendant cette période, la fréquentation de certains cercles de la capitale semble davantage constituer un habitus distinctif, réservé à une élite prestigieuse, restreinte par un critère de naissance, qu’un loisir bourgeois destiné à satisfaire la curiosité de notabilités professionnalisées. En réalité, le cercle apparaît comme l’un des hauts lieux d’une sociabilité proprement aristocratique, qui, loin de décliner, connaît un véritable renouveau dans la société française jusque dans l’entre-deux-guerres.