2020
Cairn
Pierre France, « Living memories and State archives: A false absence. Top civil servants and scotomisation of public archives in Lebanon », Égypte/Monde arabe, ID : 10670/1.73a512
Contrairement à ce qui est souvent avancé, les archives publiques au Liban ne sont pas seulement abandonnées ou (rendues) indisponibles par l’État, par une décision au plus haut niveau ou par l’absence d’une décision dans un état jugé sans direction. Elles sont aussi, de manière plus pratique, situées à des endroits connus de seuls initiés : chez des anciens grands commis d’État, devenus “mémoires vivantes” et “archivistes sauvages” de leurs institutions, gardiens d’une “possibilité de l’État”. Cet article entend reprendre les ressorts historiques et sociologiques d’un tel archivage, sur le papier illégal, mais aussi répandu que normalisé et même légitimé par ces archivistes. Plus encore, c’est un phénomène reconnu par l’État libanais lui-même, créant ainsi une forme d’archivage “externalisé” qui a de fortes implications méthodologiques sur l’accès aux sources et la possibilité d’une écriture de l’histoire de l’État libanais.