1 novembre 2024
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https://doi.org/10.1016/j.inan
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Didier Courbet, « Inconscient économique et influences non conscientes de la publicité. Des effets délétères pour la liberté, le bonheur et la santé ? », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10.1016/j.inan.2024.100464
ContexteS’il est un domaine de recherche emblématique impliquant l’inconscient économique, c’est bien celui des influences non conscientes de la publicité et de la communication commerciale : en utilisant les médias, les entreprises cherchent à agir sur les pensées, les affects et les comportements des personnes pour améliorer l’image de leurs marques, leur notoriété et leurs ventes. Devant l’abondance des publicités liée à la multiplication des médias numériques (Internet, jeux vidéo…), il est important de mieux comprendre, d’une part, les effets et les processus non conscients impliqués et, d’autre part, certaines conséquences délétères pour les individus et la société.ObjectifsIl s’agit, premièrement, de montrer comment la publicité et la communication commerciale influencent les personnes sans qu’elles en soient conscientes. Quels grands types de processus non conscients sont dès lors impliqués ? Deuxièmement, l’objectif est de montrer que ces influences non conscientes posent un certain nombre de problèmes humanistes et sociétaux, (a) sur la santé publique, notamment l’épidémie d’obésité avec les publicités pour la « malbouffe », (b) sur les représentations sociales du bonheur, (c) sur la liberté individuelle.MéthodeLa démonstration se base, premièrement, sur une revue de littérature sur les recherches scientifiques, utilisant essentiellement l’expérimentation afin de garantir un haut niveau de preuves scientifiques, dans les disciplines suivantes : psychologie cognitive, psychologie positive, psychologie sociale, recherche marketing, sciences de la communication et santé publique. La démonstration s’appuie, deuxièmement, sur une étude critique à la lumière des philosophies de l’action et de la liberté.RésultatsLes recherches scientifiques ont mis en évidence quatre grands types de processus et d’effets non conscients dont la validité, assurée notamment par la méthode expérimentale, est maintenant bien établie : les effets de la perception non consciente des marques ; les influences des expositions à faible niveau d’attention : la simple exposition aux marques et la simple exposition oubliée ; les effets non conscients du conditionnement des attitudes ; les effets non conscients des contextes émotionnels dans lesquels les marques sont insérées. Les actions de communication commerciale provoquent des effets non conscients délétères (1) pour la santé publique avec les publicités pour des aliments de mauvaise qualité nutritionnelle ciblant les enfants, (2) pour les représentations sociales du « bonheur » en donnant à ce dernier le visage du matérialisme. Sur le plan philosophique, ces influences limitent la liberté individuelle en orientant « automatiquement » les croyances et les désirs des consommateurs.InterprétationsLes influences non conscientes de la publicité, bien établies scientifiquement, soulèvent des questions éthiques et sociétales. Elles peuvent avoir des effets délétères sur la santé publique en favorisant, notamment, l’épidémie d’obésité. Elles contribuent également à des représentations trompeuses du bonheur, associant celui-ci au matérialisme, ce qui peut, à l’inverse, diminuer le bien-être à long terme. Sur le plan moral, la communication commerciale visant des influences non conscientes, considérée comme de la manipulation, est une atteinte à la liberté d’action individuelle des personnes. L’article appelle à une régulation de certaines pratiques de communication commerciale pour protéger les consommateurs et préserver leur autonomie.