11 mai 2022
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Lucas Nonnenmacher, « Comprendre et expliquer la mobilité transfrontalière : une approche libre arbitre / prédisposition », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10670/1.741855...
Cette thèse étudie les moteurs de la mobilité transfrontalière dans une perspective multidisciplinaire. Des méthodologies qualitatives et quantitatives sont utilisées pour comprendre et expliquer pourquoi les travailleurs traversent les frontières. L'apport majeur de cette thèse est de mettre en évidence de nouveaux déterminants de la mobilité transfrontalière tels que l'expérience migratoire antérieure et l'état de santé. Ces facteurs ont été ignorés dans la littérature dans le passé. De plus, cette thèse valide les motivations des travailleurs comme moteur pertinent de la mobilité transfrontalière et dresse un état des lieux de la situation des travailleurs frontaliers en Europe, avec un focus particulier sur les frontaliers français. Dans un premier temps, cette thèse propose une revue des explications de la mobilité transfrontalière dans la littérature existante. Dans un second temps, cette thèse analyse les moteurs subjectifs de la mobilité transfrontalière à l'aide d'un ensemble de données qualitatives composé de 30 entretiens de travailleurs français au Luxembourg collectés entre janvier 2018 et mai 2019. Les résultats mettent en évidence que les travailleurs frontaliers motivent leur décision de se déplacer à l'étranger par des moyens financiers, raisons professionnelles et personnelles. Par ailleurs, les motivations des travailleurs frontaliers varient en fonction de leur profil socio-économique. Sur la base de ces résultats empiriques, un modèle d'offre de main-d'œuvre transfrontalière a été conçu. Troisièmement, cette thèse évalue l'association entre le capital migratoire et la mobilité transfrontalière à l'aide de la partie française de l'enquête européenne sur les forces de travail appelée Enquête Emploi entre 2010 et 2018. Les résultats indiquent que les migrants font plus la navette à l'étranger que les non-migrants et sont également plus susceptibles de faites-le [sic]. Les enfants migrants sont plus susceptibles de faire la navette à l'étranger, ce qui suggère que la capacité à gérer la distance et les frontières peut être transmise de génération en génération. Le capital migratoire est un prédicteur pertinent du comportement pendulaire, puisque plus la dotation en capital est élevée, plus la probabilité de se déplacer à l'étranger est élevée. Des découvertes supplémentaires peuvent être mentionnées. La migration interne n'augmente pas la probabilité de faire la navette à l'étranger. L'expérience migratoire acquise est plus utile que l'expérience migratoire héritée pour s'engager dans la mobilité transfrontalière. Quatrièmement, cette thèse examine les disparités de santé entre frontaliers et non frontaliers à l'aide de l'Enquête Emploi entre 2013 et 2018. Les résultats suggèrent un phénomène transfrontalier sain, l'existence d'importantes disparités de santé parmi les frontaliers et le rejet du phénomène de débordement pour cette population spécifique. Enfin, cette thèse conclut que la mobilité transfrontalière est un phénomène complexe encore partiellement expliqué, probablement en raison du manque de données harmonisées sur les travailleurs transfrontaliers au sein de l'UE. Des recherches complémentaires sur la mobilité transfrontalière sont nécessaires pour mieux comprendre cette population, notamment en santé publique, où tout reste à faire.