16 septembre 2016
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Adrien Bitond, « Titrailles, interactions et construction d'un espace public autour de la presse écrite : une analyse ethnosociologique du kiosque à journaux au Cameroun », HAL-SHS : sciences de l'information, de la communication et des bibliothèques, ID : 10670/1.74xx1r
Les points de vente de la presse écrite, encore appelés kiosques à journaux, sont le théâtre d’activités humaines au quotidien. Le passant qui traverse les grands carrefours de Yaoundé ou de Douala est attiré par les nombreuses personnes attroupées devant les kiosques à journaux où elles tiennent des discussions « interminables ». Pour les populations urbaines, il s’agit d’un passe-temps pour ceux qui s’y adonnent. Pourtant, la pratique est renouvelée au quotidien devant ces espaces de commerce. La présence de personnes devant les kiosques à journaux à longueur de journée traduit-elle une certaine oisiveté de leur part ou alors l’expression d’un réel intérêt pour les journaux ? Cette thèse analyse les logiques qui structurent le phénomène d’attroupement devant les kiosques à journaux et interroge la place des discussions qui y émergent. Les pratiques observées, ainsi que les entretiens menés au cours de l’enquête, montrent que la recherche des informations contenues dans la presse écrite est fondamentalement l’objet d’attraction des populations vers ces points d’approvisionnement. Les différents acteurs déploient des stratégies variées pour accéder à l’information. En effet, la vente directe des journaux comme seule source de revenus des kiosquiers relèverait d’une utopie. Face à la conjoncture qui sévit dans le secteur de la presse, les commerçants de journaux ne sont pas épargnés. La chute des ventes suscite le besoin de réajustements, dont le but est de combler le manque à gagner. Dans un contexte global dominé par la précarité, le consommateur n’est pas en reste. Désormais, parcourir les titres de journaux suffit pour se faire une idée de l’actualité. De cette exploration approximative émergent de manière instantanée des débats sur les sujets relayés dans les médias. Pour les protagonistes de ces échanges, la possibilité d’exprimer leur point de vue représente une forme de liberté d’expression, symbole de la démocratie, laquelle apparaît comme un élément structurant majeur dans la construction de l’espace public.