26 octobre 2021
Cesare Mattina, « Un avenir post-nucléaire ? Les atermoiements des acteurs du territoire de Trino (Italie) en contexte de démantèlement », HAL-SHS : sociologie, ID : 10670/1.75s0io
Malgré l’arrêt définitif des productions électronucléaires en 1990 et la décision, prise plus tard d’accélérer le processus vers un « démantèlement immédiat » de la centrale Enrico Fermi, les populations et les acteurs du territoire de Trino (plaine du Pô piémontaise) ont du mal à imaginer et à projeter un territoire post-nucléaire. Cette contribution essaye d’expliquer pourquoi l’après-nucléaire n’est pas si évident et quelles sont les raisons qui le freinent très largement. Dans une perspective diachronique, cet article montre comment les différents acteurs et groupes sociaux de ce territoire ont traversé la phase de déclin de la production nucléaire (référendum de 1987 décrétant un moratoire sur la construction de nouvelles centrales), la phase incertaine de l’arrêt des productions (1990), puis de la mise en sécurité passive (1990-2003) et du démantèlement (depuis 2003) ; pour s’installer dans l’incertitude durable des démantèlements et de la gestion des déchets dans l’attente d’un centre national de stockage des déchets radioactifs qui, en Italie, n’a toujours pas été réalisé. Malgré les projets et les initiatives pour imaginer et construire un après-nucléaire au travers du développement d’un tourisme vert et de qualité ou des énergies renouvelables, la plupart des acteurs agissant sur Trino demeure dans des rhétoriques et des actions tendant à confirmer la continuité et la légitimité du nucléaire sur le territoire, parfois à rebours de leurs discours ou convictions. À la vue du déclin démographique et du processus de désindustrialisation de son territoire, le nucléaire, avec d’une part ses emplois dans le démantèlement et, d’autre part, les fonds de compensation étatiques versés aux communes du fait de l’hébergement des déchets radioactifs, demeure un secteur important de ce territoire.