De la caserne aux maisons closes : la réglementation de la prostitution au profit de l’institution militaire (1900-1939)

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6 décembre 2018

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Vol. 41 - 2018

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Hélène Duffuler-Vialle, « De la caserne aux maisons closes : la réglementation de la prostitution au profit de l’institution militaire (1900-1939) », C@hiers du CRHIDI, ID : 10.25518/1370-2262.625


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De la Révolution à 1946, la France est réglementariste, c’est-à-dire que la prostitution, pensée comme un mal nécessaire, est régulée par des réglementations locales, harmonisées par des injonctions ministérielles. Si en général les clients de la prostitution ne font l’objet d’aucun traitement spécifique par l’autorité régulatrice, la clientèle militaire constitue une exception. En effet certaines dispositions réglementaires les concernent. Cette clientèle est considérée comme particulièrement vulnérable dans un contexte de « Nation en danger » où la syphilis représente un péril national. A la fin du XIXe siècle et jusqu’en 1916, une politique d’éducation sexuelle préventive est mise en place auprès des soldats, où la chasteté est prônée comme la meilleure garantie. De manière pragmatique, la maison de tolérance reste considérée comme le meilleur moyen de contrôler la sexualité des soldats et d’éviter qu’ils ne contractent des maladies vénériennes. Ainsi, d’une part, l’institution militaire lutte contre la prostitution clandestine et d’autre part fait obstacle à la mise en place du système abolitionniste ou semi-abolitionniste dans les quelques villes qui tentent de l’installer. Le réglementarisme est adapté aux nécessités militaires et, à partir de 1916, il n’est plus question de revoir le système mais de renforcer son efficacité prophylactique. Dans ce contexte l’autorité militaire est ponctuellement saisie de questions juridiques particulières : existe-t-il un droit d’accès aux maisons de tolérance pour les militaires ? Les femmes qui se prostituent ont-elles le droit de refuser des clients ? Quid de la discrimination raciale ?

From the Revolution to 1946, France was reglementarist, i.e. prostitution, thought of as a necessary evil, was regulated by local regulations, harmonized by ministerial injunctions. While prostitution clients are generally not subject to any specific treatment by the regulatory authority, military clients are an exception. Indeed, some regulatory provisions concern them. This clientele is considered particularly vulnerable in a context of Nation in Danger where syphilis represents a national risk. At the end of the 19th century and until 1916, a policy of preventive sex education was organized among soldiers, where chastity was presented as the best guarantee. Pragmatically, the brothel is considered the best way to control the sexuality of soldiers and prevent them from contracting venereal diseases. Thus, on one hand, the military institution fights against clandestine prostitution and, on the other hand, obstructs the establishment of an abolitionist or semi-abolitionist system in the few cities that try to install it. Regulation was adapted to military needs and from 1916 onwards, there was no longer any question of revising the system but of strengthening its prophylactic effectiveness. In this context, the military authority is occasionally called upon to deal with specific legal issues : is there a right of access to brothels for the military ? Do women in prostitution have the right to refuse clients ? What about racial discrimination ?

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