2001
Cairn
Claire Laux, « « Modèle Clovis », « modèle Moshesh » ou « malentendu productif » ? : Part des missionnaires et part des chefs dans l'installation de « théocraties chrétiennes » à Tahiti, Hawaii, aux Tonga, aux îles Cook, dans l'archipel des Gambier et à Wallis et Futuna », Journal de la Société des Océanistes, ID : 10670/1.778e89...
Pourquoi certains archipels océaniens subirent-ils, dans les premières décennies du xixe siècle, la mise en place de systèmes que les observateurs qualifièrent de « théocraties missionnaires » alors que le reste de l’Océanie connaissait une évangélisation plus « classique » ? Certes, à Tahiti, à Hawaii, aux Tonga, dans l’archipel des Cook, dans l’archipel des Gambier ou dans celui de Wallis et Futuna, l’antériorité de la christianisation par rapport à la colonisation et le monopole de l’une ou l’autre des confessions permirent aux missionnaires d’exercer leur influence sans contre-pouvoir. Mais, avant tout, ce sont les relations entre les missionnaires et les chefs et le modèle d’une « conversion par le haut » dans laquelle chacune des deux parties trouvait son compte qui déterminèrent la mise en place de systèmes originaux. Les missionnaires catholiques ne faisaient que transposer outre-mer le classique « modèle Clovis » et, aux Gambier comme à Wallis et Futuna, ce furent eux qui exercèrent plus ou moins directement le pouvoir. Leurs rivaux protestants, par contre, eurent affaire à des chefs de plus grande envergure et l’application avant l’heure en Océanie de ce qui sera expérimenté en Afrique quelques décennies plus tard comme le « modèle Moshesh » servit avant tout à conférer une légitimité de type moderne à des souverains comme George Ier de Tonga, Pomaré II de Tahiti ou la dynastie Kamehameha d’Hawaii.