31 mars 2022
Open Access , http://purl.org/eprint/accessRights/OpenAccess
Romain Raymondie, « Expression, régulation, et évaluation des émotions dans les contextes de leadership : le rôle du genre et des stéréotypes de genre », Theses.fr, ID : 10670/1.77fe55...
Les stéréotypes de genre concernant les émotions sont des croyances qui véhiculent l’idée que les femmes et les hommes diffèrent sur plusieurs aspects de leur vie émotionnelle : expression, régulation, expérience, et physiologie. Par exemple, les femmes sont jugées plus émotives que les hommes. Certains auteurs ont argumenté que ces stéréotypes causent des difficultés et des coûts psychologiques pour les femmes qui souhaitent accéder, évoluer, et réussir dans les postes à responsabilité hiérarchique dans les entreprises (i.e., le leadership). En effet, les stéréotypes sur les leaders correspondent plus aux stéréotypes masculins (e.g., rationnel, sang-froid) que féminins (e.g., sensible, chaleureuse). De plus, les recherches sur le backlash suggèrent que les individus qui se comportent de manière contre-stéréotypique pourraient subir des sanctions économiques ou sociales. Ainsi, les femmes seraient amenées à négocier une double contrainte : transgresser les stéréotypes féminins et correspondre aux stéréotypes sur les leaders, ou transgresser les stéréotypes des leaders et respecter les stéréotypes féminins. Dans 6 études, nous avons examiné le rôle du genre et des stéréotypes de genre sur l’expression, la régulation et l’évaluation des émotions des leaders. Nous avons observé que les stéréotypes concernant les émotions des femmes et des hommes correspondaient peu aux stéréotypes sur les subordonnés (étude 1) et sur les managers (étude 2). Nous avons également observé que les contextes stéréotypés masculins ou féminins n’influençaient pas l’expression et la régulation des émotions des femmes et des hommes leaders (étude 3). Cependant, le soutien à l’égalité de genre de la part des subordonnés protégeait les femmes et les hommes leaders contre l’épuisement professionnel en réduisant l’incertitude associée à l’expression des émotions (étude 4). De plus, nous avons observé que les leaders exprimant des émotions contre-stéréotypiques (i.e., femme - colère, homme - tristesse), vs. stéréotypiques (i.e., homme - colère, femme - tristesse), étaient évalués négativement par leurs subordonnés (étude 5). Enfin, les subordonnés pénalisaient les femmes leaders qui déclaraient devoir fournir des efforts pour réguler leurs émotions (vs. pas d’efforts) alors que les hommes leaders n’étaient pas pénalisés (étude 6). En somme, cette thèse approfondit le rôle du genre et des stéréotypes de genre sur les émotions et les évaluations des émotions des leaders, à la fois pour les femmes et pour les hommes.