2008
Cairn
Pierre Thorez, « La Route maritime du Nord : Les promesses d'une seconde vie », Le Courrier des pays de l'Est, ID : 10670/1.77o8qd
La navigation sur l’océan Arctique, sur les quelque 14 000 km séparant la mer de Barents du détroit de Béring est le moyen le plus économique, sinon le seul, d’accéder aux vastes territoires du nord de la Russie. Ceux-ci sont en effet particulièrement riches en hydrocarbures (35 % des réserves mondiales) et en minerais de toutes sortes et sont à même de jouer un rôle déterminant sur les plans stratégique et militaire. Les autorités soviétiques l’ont bien compris et ont décidé, au début des années 1930, d’aménager la Route maritime du Nord (Sevmorput) pour les navires marchands, qui est ouverte toute l’année, depuis 1978, dans sa partie occidentale jusqu’à Dikson, aux bouches de l’Ienisseï. A la fin des années 1980, l’URSS disposait sur cette voie de 350 navires de charge de classe glace, à coque renforcée, et de 16 brise-glace au long cours, dont 8 à propulsion nucléaire ; durant cette décennie, le trafic a culminé à 7 millions de tonnes, en dépit des grandes difficultés que soulève la navigation sur une mer englacée la majeure partie du temps. Mais l’effondrement du système soviétique et la fin des subventions budgétaires ont engendré une profonde récession : la flotte se réduit désormais à une soixantaine de navires de classe glace et seuls 6 brise-glace sont en service, la moitié de la cinquantaine de ports, construits pendant la période soviétique, ne sont plus utilisés, le trafic maritime atteint au maximum 3,5 millions de tonnes, les bases militaires ont été démantelées, les villes se sont vidées de leur population... Ayant pris conscience que la mise en valeur du Grand Nord était l’un des maillons lui permettant de s’affirmer en tant que grande puissance, Moscou a entrepris notamment de redynamiser l’activité sur la Route maritime. Si sa gestion a été confiée à un organisme public, le gouvernement a décidé d’associer au financement de son développement les entreprises utilisatrices, les armateurs et les régions concernées. En effet, pour réussir à porter le trafic à 10-15 millions de tonnes à l’horizon 2015-2020, bien des efforts vont devoir être déployés, notamment pour accroître et moderniser les infrastructures portuaires, ainsi que la flotte marchande. Par ailleurs, la levée des restrictions toujours imposées aux navires étrangers devrait donner un coup d’accélérateur au transit international.