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Alexandre Rodde, « TERRORISME EN FRANCE -PANORAMA DES MOUVANCES RADICALES EN 2021 », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10670/1.782b7a...
L'année 2021 a vu perdurer la pandémie de Covid-19, affectant l'organisation et le fonctionnement de la société française. L'implémentation de mesures sanitaires strictes comme les confinements, les couvre-feux et le pass sanitaire, ont permis de ralentir la propagation du virus et le nombre de décès causés par celui-ci. Néanmoins, l'ampleur et le caractère inédit de cette crise ont eu un impact sur la sécurité publique. Certaines infractions violentes, notamment intrafamiliales, ont augmenté. Ainsi, début juin, le ministre de l'Intérieur avait constaté dans un télégramme envoyé aux préfets et aux forces de sécurité intérieure que, « depuis le début de l'année, nous assistons au développement de faits extrêmement violents », et que ceux-ci étaient « vraisemblablement liés aux conséquences de la crise sanitaire dont notre pays est en train de sortir ». Il avait par ailleurs précisé que « l'analyse faite par les services centraux du ministère de l'Intérieur met notamment en évidence une progression de 20 % des faits de violences intrafamiliales (cinq premiers mois de l'année 2021 rapprochés de ceux de 2020) », ainsi qu'une « multiplication de faits graves de violences intraconjugales (homicides et tentatives d'homicides) » 1. Le nombre d'opérations menées par l'unité Recherche, assistance, intervention, dissuasion (RAID) de la police nationale et par le Groupement d'intervention de la gendarmerie nationale (GIGN) contre des forcenés avait aussi fortement augmenté (+137 % par rapport à la même période l'année précédente) au cours des cinq premiers mois de l'année. La menace terroriste a également été affectée par la crise sanitaire. En effet, chacune des mouvances extrémistes actives sur le sol national a réagi à la situation via un prisme idéologique différent, comme on avait déjà pu l'observer au printemps 2020 2. L'incertitude, les mesures inédites et les changements rapides qui caractérisent la période leur ont permis de développer une propagande et des éléments de langage spécifiques afin de mettre à profit le désordre ambiant. Sur le territoire national, la mouvance jihadiste reste la menace principale, de par sa prévalence, sa sophistication et sa létalité (I). L'ultra-gauche, du fait de sa forte activité opérationnelle, constitue une problématique sécuritaire sérieuse (II), tout comme l'ultra-droite dont les arrestations de ses militants ont été nombreuses cette année (III). Une analyse fine de leurs activités et des tendances qui ont pu être observées au cours des douze derniers mois peut permettre de prévenir et d'anticiper le risque terroriste pour 2022.