22 janvier 2024
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Gaïa Marchesini, « La gestion des déchets lors de catastrophes naturellesOrganisation, désorganisation, réorganisation du système et des filières », HAL-SHS : architecture, ID : 10670/1.78qshc
Le système de gestion des déchets se réorganise lors des événements exceptionnels pour répondre à l’évolution des contraintes en lien avec l’évolution des quantités et types de déchets, le mélange des déchets et les interdépendances avec les autres systèmes techniques urbains (coupure des routes, encombrement des réseaux, etc.). De nombreux acteurs, notamment de la gestion de crise, voient alors évoluer leurs implications dans la gestion des déchets post-catastrophe. Cette thèse s’intéresse à ces aspects de l’après événement et de la gestion des déchets autour de la question suivante : comment le système et les filières de gestion des déchets se transforment face à des contraintes extérieures fortes, comme celles produites par une catastrophe naturelle ?Pour cela, la recherche doctorale utilise et spécifie une méthode inspirée de l’analyse fonctionnelle. Elle enrichit les études classiques, qui structurent en deux temps – « analyse fonctionnelle » et « analyse dysfonctionnelle » - l’étude du système, en proposant de décliner six temporalités qui font écho à la gestion des risques naturels : le système fonctionnel, la pré-catastrophe, la survenue de l’aléa, la phase d’urgence, le relèvement et le recouvrement. L’analyse fonctionnelle est également couplée à une analyse filière : les filières de gestion des déchets sont paramétrées dans le système pour permettre de suivre leur évolution. La méthode conçue dans la thèse a été appliquée pour analyser la gestion des déchets dans la vallée de la Roya après la tempête Alex en octobre 2020. Malgré les difficultés relatives à la pandémie de Covid-19, cette phase d’application a donné lieu à deux déplacements terrains (respectivement d’un mois et d’une semaine) qui ont pu être réalisés en 2021 et complétés par des entretiens à distance. Les résultats obtenus montrent d’abord une désactivation ou une suractivation des filières existantes. Ils montrent également que l’hypothèse de considérer de nouvelles filières, ou tout du moins des « pseudo-filières », parait raisonnable : une filière générale « déchets post-catastrophe » ou encore des filières déchets verts post-catastrophe, etc. Toutefois, la thèse questionne la pertinence en termes de préparation et de planification de la mise en place de telles filières, notamment vis-à-vis de l’incertitude de leur activation et de la disponibilité de moyens humains, techniques et financiers pour les mettre en place. La possibilité de replacer la gestion des déchets comme une activité d’importance vitale est une alternative qui parait également intéressante. Elle pourrait induire d’autres aspects sur la responsabilisation des acteurs de la gestion des déchets, la conservation des filières existantes même après une catastrophe, et l’intégration du système de gestion des déchets dans la culture commune de la gestion de crise en lien avec les autres activités d’importance vitale, dont les autres systèmes sociotechniques urbains (énergie, transport, télécommunication, eau et assainissement).