2012
Copyright PERSEE 2003-2024. Works reproduced on the PERSEE website are protected by the general rules of the Code of Intellectual Property. For strictly private, scientific or teaching purposes excluding all commercial use, reproduction and communication to the public of this document is permitted on condition that its origin and copyright are clearly mentionned.
Anne Eddé, « Rituels de paix au Proche-Orient à l’époque des croisades : intermédiaires et médiations », Actes des congrès nationaux des sociétés historiques et scientifiques (documents), ID : 10670/1.79080d...
Si, pour l’Occident médiéval, l’historiographie française a fait, depuis une trentaine d’années, de l’histoire des rituels l’un de ses sujets majeurs, pour l’Orient musulman, cette thématique n’a encore suscité qu’un intérêt limité. Pourtant, les sources arabes nous livrent des indications précieuses sur les gestes et les symboles qui accompagnaient les processus guerriers et pacifiques. Dans les relations entre Francs et musulmans aux XIIe-XIIIe siècles, sortir de la guerre pour entrer dans la paix – ou plus exactement dans la trêve – supposait l’ouverture de négociations qui pouvaient conduire à la rédaction d’un accord que les parties s’engageaient par serment à respecter. Différents acteurs intervenaient tout au long de ce processus : les souverains, leur entourage, des ambassadeurs, des interprètes, des juristes et des secrétaires. On échangeait des missives, des rançons, parfois des cadeaux. Les accords étaient souvent mis par écrit et traduits, mais ils étaient rarement signés. La garantie de leur respect était le serment prêté de part et d’autre. Des hérauts annonçaient ensuite la bonne nouvelle, ce qui permettait à la vie sociale et économique de reprendre son cours. Ces rituels étaient-ils fixés ou s’adaptaient-ils aux circonstances ? Comment et par qui étaient-ils définis, pratiqués ? Quelle était leur efficacité ? Quel rôle jouaient-ils dans la réconciliation ? Quelle perception avaient les uns et les autres des rituels de l’adversaire ? Les réponses à ces questions devraient permettre de mieux comprendre non seulement comment se déclenchait la guerre ou se construisait la paix, mais aussi l’importance accordée (ou refusée) à des vertus telles que l’honneur, le respect de la parole donnée, l’hospitalité, la tolérance.