2003
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Ethel Charbonnier et al., « Dynamique des contacts forêt-savane au Cameroun. Rôle des jachères dans le processus de reforestation à Zengoaga », Espaces tropicaux (documents), ID : 10670/1.7af9df...
Depuis quelques années, les recherches menées au Cameroun dans le cadre du Groupement de Recherche ECOFIT (Ecosystèmes et Paléoécosystèmes des Forêts Intertropicales) ont montré une transgression généralisée des forêts sur les savanes guinéennes péri-forestières quelle que soit la densité des populations. Ce constat est également fait dans des pays où pourtant, la dégradation du couvert forestier est importante comme en Côte d'Ivoire. Au Cameroun, aussi bien à l’est qu’au centre du pays, les vitesses moyennes de progression de la forêt peuvent aller jusqu’à 2 m par an. Localement, elles peuvent être beaucoup plus importantes et atteindre jusqu’à 40 m. Cette dynamique se place dans un cadre climatique multiséculaire favorable à la forêt après une période relativement sèche il y a 500 ans environ. Dans le détail, divers facteurs expliquent la plus ou moins grande vitesse de progression des ligneux sur les formations herbacées : occurrence des feux de brousse, intensité de l’agriculture en savane, transformation des activités humaines, etc. Des études détaillées d’un terroir de l’écotone forêt-savane étudié en 1964 par J. Tissandier ont permis de mettre en évidence le rôle primordial des jachères en savane dans la reconquête forestière. Des relevés de végétation ont été effectués dans des jachères de 5, 15 et 30 ans. Les champs abandonnés depuis trente ans sont complètement occupés par des espèces forestières pionnières alors qu’apparaissent également quelques espèces de la forêt mature, indicateur d’un deuxième stade de reconquête forestière. La présence de Chromolaena odorata, espèce envahissante, dans les premiers stades de reconquête, semble favoriser ce phénomène. Ces travaux permettent de conclure sans contestation possible que la pratique de l’agriculture à jachère longue aux lisières de la forêt aboutit à la reconstitution relativement rapide d’un couvert forestier. Il est donc possible d’envisager, dans toutes ces zones où les densités de population sont faibles une politique raisonnée de mise en défens de l’écotone qui n’est plus considéré par les ruraux comme une zone d’un grand intérêt économique.