2013
Cairn
Christophe Strassel, « La France, l'Europe et le modèle allemand », Hérodote, ID : 10670/1.7b0imc
L’idée d’un « miracle économique allemand » est l’une des représentations les plus agissantes du débat économique européen. Pourtant, l’économie allemande tant vantée aujourd’hui ne justifie que partiellement les louanges qui lui sont adressées : ses résultats ne sont pas uniformément favorables et les politiques qui y conduisent, difficilement reproductibles à l’échelle de l’Europe. Connu sous le nom d’« économie sociale de marché » , le « modèle allemand » est apparu après la Seconde Guerre mondiale. Issu d’une école de pensée néolibérale, l’ordolibéralisme, il fait de l’État le garant du bon fonctionnement du marché. Assez radicale dans ses prescriptions, cette doctrine n’a jamais été pleinement appliquée en Allemagne. En revanche, elle l’a été de manière bien plus fidèle dans le cadre des institutions économiques européennes, tant pour ce qui est de la politique de la concurrence que de celles relatives à la monnaie ou aux finances publiques. Ce modèle apparaît aujourd’hui inadapté à la situation d’un nombre croissant de pays européens et fait courir un risque à la cohésion de la zone euro. En définitive, le retour de la croissance dépend plus de la capacité des dirigeants européens à lever le blocage que le « modèle allemand » fait peser sur les politiques économiques que de facteurs relatifs à la structure des économies européennes.