2025
Cairn
Havoise Mignotte-Piton, « Le domaine foncier de la Maison pompéienne du prince Napoléon », Napoleonica. La Revue, ID : 10670/1.7c8ce9...
Autrefois nommée allée des Soupirs, allée des Veuves ou avenue Verte, la toponymie de cette voie se stabilise au milieu du XIXe siècle sous le nom d’avenue Montaigne. Axe de l’ensemble arboré monumental dessiné par André Le Nôtre, cette allée était longée de terrains que l’on appelait marais du fait des inondations régulières et de la piètre qualité du sol. Malgré tout, à l’ombre des grands arbres, on en exploitait les ressources. Le couvent de la Visitation de Chaillot possédait une grande partie des jardins, le restant des terres cultivées relevait du domaine du roi. Mais la vente des biens nationaux fait voler en éclats la tranquille pérennité de ce monde. Au moment où le prince Napoléon achète des terrains de 1853 à 1859 et y fait bâtir la Maison pompéienne, ce quartier, qui a entamé sa mutation depuis une soixantaine d’années, commence à s’affranchir de son passé rural et nourricier. Les archives notariales témoignent d’une ambivalence entre nouveauté et tradition : espaces de production laitière, jardins potagers ou d’agrément, masures, pavillons, hôtels particuliers, immeubles de rapport, entrepôts de construction urbaine, activités industrielles ou commerciales. La Maison pompéienne, qui illustre parfaitement la tension entre la volonté de modernité et l'attachement au passé, naît dans un environnement urbain très dynamique où la mixité sociale est d’une amplitude remarquable et où surgissent de vastes équipements destinés à accueillir les visiteurs de l’Exposition universelle de 1855.