2020
Cairn
Chiara Mengozzi, « Le Diable est dans les périphéries (du texte). Karel Čapek et la destitution du centre », Revue de littérature comparée, ID : 10670/1.7cc013...
Après avoir illustré, à travers l’article Jak se dělá světová literatura ( Comment fait-on une littérature mondiale), les différentes définitions de la littérature mondiale proposées par Karel Čapek et la manière dont une littérature mineure peut acquérir, selon lui, une dimension mondiale, nous porterons notre attention sur La Guerre des salamandres ( Válka s mloky), pour montrer, d’une part, que la doxa critique concernant l’une des œuvres majeures du canon national tchèque peut être remise en question par une analyse capable de prendre en compte la structure de domination de l’espace littéraire ; de l’autre, que cette œuvre ne se limite pas à refléter mais aussi conteste la configuration des rapports de subalternité et de domination entre langues, cultures et nations. La lecture conjointe de cet article et de ce roman, jamais entreprise par la critique, a donc une triple ambition : aboutir à une interprétation originale du roman de Čapek, lu presque exclusivement comme un roman à thèse contre le capitalisme, le colonialisme, le militarisme et le nazisme ; esquisser un chapitre moins connu de l’histoire de la notion de littérature mondiale par le biais d’un auteur qui, tout en provenant d’un espace (semi) périphérique, a su s’imposer à l’attention internationale en finissant par devenir un classique de la science-fiction de même qu’un auteur de référence du modernisme européen ; enfin, souligner la nécessité d’étudier la littérature à l’âge de sa mondialisation à travers un « va-et-vient » entre distant et close reading.