2001
Cairn
Michèle Baumann et al., « Consommateurs continus et occasionnels : À propos de leurs attitudes à l'égard des médicaments psychotropes et de la dépendance », Psychotropes, ID : 10670/1.7cec0e...
Parmi les facteurs qui tentent d’expliquer les différents compor~tements des consommateurs, une place importante devrait revenir aux attitudes à l’égard des médicaments psychotropes et de la dépendance. Notre travail décrit les attitudes de 372 consommateurs âgés de 49 à 64 ans et les analyse en fonction des caractéristiques sociodémographiques et des trajectoires continue – si la consommation n’a pas été interrompue un seul mois de 1994 à 1998 – ou occasionnelle. L’instrument envoyé en 1999 par la poste présente 14 affirmations à apprécier selon 4 modalités allant de «tout à fait d’accord» à «plutôt pas du tout d’accord». L’analyse des attitudes met à jour deux idées maîtresses. La première évoque la soumis~sion des consommateurs aux psychotropes associée au désir de mieux être. Ils perçoivent leur attachement à ces médicaments, et s’associent à l’idée qu’on aimerait pouvoir s’en passer, mais un sur deux ne le fait pas puisque sa consommation suit une trajectoire de type continu. Il y a consensus sur l’aide à mieux vivre, mais aussi sur le souhait de vivre sans cette aide. Ils ressentent la prise de psychotropes comme la réponse à un besoin qu’ils n’associent pas systématiquement à la présence d’une pathologie. L’incer~titude sur le statut du mal est soulevée. La seconde replace le rôle du médecin: «on modifie les doses avec l’accord du médecin» et celui du médicament dans une relation qui se veut être avant tout thérapeutique. Certains pratiquent l’automédication et une gestion autonome de leurs traitements. Le développement de l’automédication sous contrôle médical et l’hypothèse d’un lien entre non-observance et confiance à l’égard du médecin ne sont pas à négliger et devraient faire l’objet de recherches ultérieures. Il y a d’abord et avant tout des consommateurs qui se distin~guent par leurs attitudes de consommateurs continus ou occasionnels, et non selon leurs caractéristiques sociodémographiques. Les consomma~teurs occasionnels ont conscience des effets négatifs de ces médicaments, nient la dépendance ou estiment que la maîtrise de leur consommation les protège de ce risque. Alors que les consommateurs continus croient en l’efficacité médicale des psychotropes tout en relativisant les impacts positifs qu’ils peuvent avoir sur leur qualité de vie. Ils se sentent obligés de prendre ces médicaments, et admettent que cette consommation entraîne une dépendance.