2015
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François Hourmant, « De la double nature des revues et des ruptures », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10670/1.7db391...
Enchâssées dans un jeu sans fin de correspondances, les revues déplient leurs sommaires et leurs pages dans une double dimension. Elles façonnent les débats et offrent un rapport différencié au temps et à la réflexion. Plus distanciée que le journal soumis au diktat de l'immédiateté, moins prisonnière de la longue durée qu'implique le livre, la revue dessine une ligne singulière dans la polytonalité des engagements. Par sa cotisation de plume, elle concourt à la structuration de la configuration politico-intellectuelle. Tribune privilégiée d'expression, elle se situe bien à l'interface de l'événement qu'elle entend mettre à distance comme du livre dont elle prétend souvent rendre compte. Mais ce maillon irremplaçable dans la circulation des idées, instance de production, de propositions et d'expérimentations intellectuelles, est aussi un étrange objet atomique. À la fois formellement clos sur lui-même, corseté par un nom et une jaquette qui en fixent l'identité et en définissent les contours reconnaissables, il offre aussi, par la modulation des sommaires, les dominantes toujours recomposées des engagements et des valeurs. Microcosme en apparence figé, défiant, comme Esprit ou Les Temps Modernes, les ans et surmontant les résistances et les disparitions, il est aussi voué à muer au contact des idées, des événements et des hommes.