1 avril 2021
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Bertrand Vayssière, « Le spectre communiste, un fantôme dans la maison européenne. », HAL-SHS : histoire, ID : 10.4000/framespa.10299
Penser l’Europe oblige, quelle que soit l’idéologie à laquelle on se rattache, à consacrer une partie de cette pensée aux moyens de lutter contre le communisme, ou de résister à ses assauts. On peut ainsi dénoter une relation dialectique entre les deux constructions mentales, ne serait-ce que par la simultanéité de leur apparition dans les débats publics, qui fait dire à l’historien Tony Judt que « l’opposé du communisme n’était pas le capitalisme mais l’Europe ». Deux motivations semblent en effet présider au développement de l’idée européenne au XXe siècle : d’une part, refonder un lien culturel entre Européens (ce qui constitue l’idée permanente, et souvent la seule mise en avant) et d’autre part résister aux pressions de l’environnement international. Dès l’entre-deux-guerres, ces deux motivations se mêlent pour donner sens à un espace qui doit se protéger de Moscou, et accompagnent ensuite les premiers pas de la construction européenne, du Plan Marshall jusqu’à la chute du Mur de Berlin. Dans les faits, le communisme est ainsi une sorte de « miroir de soi » d’une cause européenne fortement politisée, sous la forme, consciente et inconsciente, d’un anti-modèle. Reste à savoir si la construction de l’ennemi joue bien ici son rôle de figure structurante du social à l’usage d’une collectivité européenne en voie de constitution