24 mars 2025
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Jakob Nitschke, « Hétérogénéité intra-industrielle de la productivité des émissions et des portefeuilles de produits », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10670/1.7e37c5...
Cette thèse examine comment les portefeuilles de produits influencent la productivité des émissions dans le secteur manufacturier, en remettant en question les cadres politiques qui visent à atteindre la décarbonation principalement par des gains d'efficacité. En exploitant des données d'entreprises du secteur manufacturier portugais (2004-2021), elle analyse l'hétérogénéité des intensités d'émission au sein des industries et évalue l'impact de la composition des produits sur la productivité des émissions à l'échelle des entreprises. En combinant des données administratives sur la consommation d'énergie, des bilans comptables et des ventes de produits, l'étude quantifie la mesure dans laquelle la diversité des portefeuilles de produits contribue aux écarts d'intensité d'émission.Les résultats montrent que les entreprises d'un même secteur présentent des écarts significatifs en matière de productivité des émissions, souvent plus marqués que ceux observés entre industries. L'analyse de décomposition de la variance confirme que cette hétérogénéité est largement expliquée par des facteurs propres aux entreprises plutôt que par des tendances sectorielles générales. La classification des produits en catégories à fortes et faibles émissions suggère que les entreprises dont la production est davantage orientée vers des biens à faibles émissions affichent une productivité des émissions plus élevée. Grâce à l'analyse de décomposition des indices et aux régressions sur données de panel, la thèse explore également l'évolution des intensités d'émission à l'échelle des entreprises. Les résultats indiquent que les réductions globales des émissions sont principalement associées à des gains d'efficacité, tandis que les entreprises qui ajustent leur portefeuille vers des produits à faibles émissions enregistrent des améliorations durables en matière de productivité des émissions.Ces résultats s'inscrivent dans le débat plus large sur les stratégies de décarbonation en soulignant l'importance des portefeuilles de produits en complément des améliorations d'efficacité. Si les avancées technologiques jouent un rôle clé, cette étude souligne que les stratégies de décarbonation axées uniquement sur l'amélioration de l'efficience risquent de négliger l'impact structurel de la composition de la production. Les conclusions soulèvent également des questions sur les cadres réglementaires actuels et la manière dont ils favorisent ou limitent l'orientation vers des produits à faibles émissions. En s'appuyant sur les perspectives de l'économie écologique et de la planification démocratique, cette thèse éclaire la question de savoir si les ajustements impulsés par le marché suffisent ou si des interventions réglementaires supplémentaires sont nécessaires pour faciliter des changements structurels dans la production industrielle.