23 avril 2025
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Antony Hostein, « Les monnayages civiques émis par la cité de Thaenae », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10670/1.7e6794...
Les monnayages civiques émis par la cité de ThaenaeSous les empereurs Auguste et Tibère, des années 20 av. aux années 10 ap. n. è., Thaenae, comme d'autres cités africaines (Utique, Carthage, Hadrumète, Acholla, Cercina, Oea etc.), fait frapper des monnayages en son nom. Il s'agit de bronzes émis en faible quantité, décalqués sur les dénominations romaines (as, sesterce) et destinés à pourvoir l'économie locale en petite monnaie. Ces pièces ont circulé en même temps que les anciennes espèces carthaginoises, numides et romaines produites aux II e -I er s. av. n. è. D'après le catalogue en ligne du Roman Provincial Coinage (RPC), 13 types monétaires sont recensés à l'heure actuelle, connus par 43 exemplaires conservés dans des collections publiques ou privées. Ces types ont été produits à l'occasion de trois émissions : la première, anonyme, dans les années 20 av. n. è., la deuxième sous le gouverneur et proconsul Passienus Rufus (3 av. n. è.), la dernière enfin sous A. Vibius Habitus autour des années 13-17 de n. è. Ces monnaies, dont aucune pour l'heure n'a été découverte sur le site de Thyna, constituent des monuments caractéristiques de la civilisation municipale romano-africaine, mêlant normes romaines et répertoire iconographique local. Le buste de l'empereur peut apparaître seul ou accompagné d'une titulature en latin, tout comme celui du proconsul qui a accordé l'autorisation de la frappe. Des types purement romains, inspirés de deniers républicains ou augustéens, avec la représentation d'un buste de Vénus, d'un temple à quatre colonnes, ou d'un taureau, sont attestés. Ils coexistent avec des types plus « africains » qui représentent les bustes d'un homme barbu ou d'une divinité féminine, interprétés comme étant ceux de Sarapis ou d'Astarté. L'originalité du monnayage de Thaenae réside dans le bilinguisme des légendes monétaires, associant latin et néopunique pour désigner le nom de la ville. Ce bilinguisme est caractéristique d'une cité située entre des régions d'Afrique plus intégrées, la Zeugitane et la Byzacène, et une autre, la Tripolitaine, où les traditions puniques demeurent encore très vivaces sous les Julio-Claudiens. De telles pièces, en plus de servir de menue monnaie pour les échanges quotidiens, ont été des instruments essentiels de proclamation d'adhésion à l'Empire et d'autocélébration pour les communautés civiques qui les ont produites. À partir de Caligula (37-41), ces pièces cessent d'être frappés, l'approvisionnement de l'Afrique en numéraire frais étant pris en charge exclusivement par l'atelier de Rome.