L'Espace des désirs : enquête sur la construction des homosexualités masculines en Chine post-maoïste

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28 juin 2019

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Lucas Monteil, « L'Espace des désirs : enquête sur la construction des homosexualités masculines en Chine post-maoïste », Theses.fr, ID : 10670/1.7e7e46...


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Souvent pensée en termes d’ « identité » ou de « culture », « nationale » ou « mondialisée », la question homosexuelle en Chine est d’abord tributaire d’une histoire singulière : celle des significations dont l’amour de même sexe pour les hommes, l’amour et le sexe en général, ont été investis au cours de la modernisation chinoise, marquée successivement par le nationalisme modernisateur (1911-1949), la révolution maoïste (1949-1976) puis les réformes post-maoïstes de l’économie (à partir de 1978). D’abord largement « effacées » de l’espace public, les formes et représentations de la vie homoérotique ont bénéficié de nouvelles opportunités d’expression dans le contexte de libéralisation économique et d’ouverture aux échanges internationaux. Cette enquête conduite au long de six années, de 2009 à 2015, dans trois métropoles de Chine continentale - Shanghai, Pékin, Chengdu - interroge pourtant l’association tant ordinaire que savante de l’homosexualité en Chine aux sujets supposés de la modernité - jeunes, issus des nouvelles classes moyennes et globalisés. Elle met en exergue l’existence de configurations distinctes d’homosexualité masculine en Chine post-maoïste, dont les formes socio-culturelles diffèrent en fonction de leur position, plus ou moins centrale ou périphérique, dans un espace en même temps social, géographique, symbolique et trans/national en rapide transformation. La thèse montre plus largement en quoi toutes les dimensions articulées de ce que l’on peut appeler un goût érotique - comment, quoi, et qui aime-t-on, qu’est-ce qu’aimer veut dire, comment l’apprend-on et d’où cela vient-il… - se développent et s’articulent différemment dans cet espace chinois des homosexualités, de façon consubstantielle aux processus caractérisant la Chine des réformes et de l’ouverture.Les formes historiquement et socialement situées de socialisation à l’homosexualité, qui varient notamment par l’importance respective des rencontres interpersonnelles et des scénarios culturels émergents d’homosexualité, renseignent sur les transformations à l’œuvre dans le domaine des discours publics, marqués par une libéralisation politique partielle et une circulation socialement inégale. La prégnance et la banalité des échanges économico-sexuels au sein des configurations périphériques, en contraste avec la forte stigmatisation de la prostitution dans les univers centraux, illustre l’effet sur la vie érotique du profond bouleversement des conditions de production et de la structure sociale chinoise, caractérisé notamment par le développement des migrations intérieures. D’autres différences relatives aux types corporels idéaux structurent l’espace des homosexualités en présence, la prégnance de l’ « amour vieux-jeune » (laoshaolian) dans les univers périphériques tranchant en particulier avec le caractère hégémonique d’une homogamie d’âge au centre, informant l’évolution différenciée, selon la classe et la génération, des formes de socialisation primaire. L’observation de rapports différenciés au mariage hétérosexuel entre les mondes homoérotiques centraux et périphériques éclaire quant à elle les transformations de l’institution maritale et des normes sexuelles dans la période post-maoïste, marquées par l’émergence d’une norme de mariage romantique et d’amour authentique, particulièrement prégnante parmi la jeunesse des classes moyennes. La circulation transnationale des catégories sexuelles en Chine est finalement saisie sous l’angle de leur réception différenciée et des logiques situées de leur appropriation et mise en circulation à l’intérieur de l’espace des homosexualités et de l’espace national qui le détermine. L’enquête conduit ici à un retournement de l’investigation, de la contextualisation du sexe à l’éclairage du contexte, qui revient, plutôt qu’à rechercher les traits des cultures « chinoise » ou « globalisée » dans l’homosexualité chinoise, à interroger la Chine, comme la mondialisation, dans une perspective sexuelle.

Often thought of in terms of "identity" or "culture", "national" or "globalized", the homosexual question in China is primarily dependent on a singular story: that of the meanings attributed to male same-sex love and sex in general during the Chinese modernization, marked successively by the modernizing nationalism (1911-1949), the Maoist revolution (1949-1976) and the post-Maoist reforms of the economy (from 1978). At first largely "erased" from public space, the forms and representations of homoerotic life have benefited from new opportunities for expression in the context of economic liberalization and openness to international trade. This six-year survey, from 2009 to 2015, in three mainland Chinese cities - Shanghai, Beijing, Chengdu - questions the common and learned association of homosexuality in China with supposedly modern-day young people from the new middle and globalized classes. It highlights the existence of distinct configurations of male homosexuality in post-Maoist China, whose socio-cultural forms differ according to their position, more or less central or peripheral, in a space at the same time social, geographical, symbolic and trans / national in rapid transformation. The thesis shows more broadly how all articulated dimensions of what can be called an erotic taste - how, what, and who we love, what does love mean, how do we learn it? - and where this comes from... - develop and articulate differently in this Chinese space of homosexuality, consubstantially with the processes characterizing China's reforms and opening.The historically and socially situated forms of socialization to homosexuality, which vary in particular from the respective importance of interpersonal encounters and emerging cultural scenarios of homosexuality, provide information on the transformations at work in the field of public discourse, marked by partial political liberalization and socially unequal circulation. The prevalence and banality of economic-sexual exchanges within the peripheral configurations, in contrast with the strong stigmatization of prostitution in the central universes, illustrates the effect on the erotic life of the profound upheaval of the conditions of production and the social structure. Chinese, characterized in particular by the development of internal migration. Other differences relating to the ideal bodily types structure the space of homosexualities in presence, the preponderance of "old-young love" (laoshaolian) in peripheral universes, cutting in particular with the hegemonic character of a homogamy of age in the center, informing differentiated evolution of the forms of primary socialization according to class and generation. The observation of differential relationships to the heterosexual marriage between the central and peripheral homoerotic worlds enlightens the transformations of the marital institution and sexual norms in the post-Maoist period, marked by the emergence of a norm of romantic marriage and of genuine love, particularly pregnant among the youth of the middle classes. The transnational circulation of sexual categories in China is finally grasped in terms of their differentiated reception and the logics of their appropriation and circulation within the space of homosexuality and the national space that determines it. The investigation leads here to a reversal of the investigation, of the contextualization of the sex to the lighting of the context, which returns, rather than to seek the traits of the cultures "Chinese" or "globalized" in Chinese

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