« Je préfère les dealers à une rue déserte » : coexistence et familiarisation en milieu urbain

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2018

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Comment des citadins peuvent-ils tolérer, voire valoriser, la présence de revendeurs de drogue dans leur rue ? Sur la base d’une enquête ethnographique auprès de résident-e-s, de commerçant-e-s et de « dealers » dans deux rues de Genève (Suisse), cet article se propose d’étudier les dynamiques permettant la coexistence entre ces catégories d’acteurs. Nous plaçons au cœur de notre analyse un processus de familiarisation. À travers celui-ci, un individu apprend progressivement, par la fréquentation répétée d’un environnement et des individus qui l’habitent, à en identifier la normalité, c’est-à-dire les conditions dans lesquelles cet environnement ne présente pas de menace immédiate. Ce processus repose sur le maintien des « apparences normales » (Goffman, 1973), et sur des normes morales que les « dealers » tentent de respecter. Nous soulignons la dimension spatiale de ce processus, à partir du cas de l’école primaire jouxtant un espace public fréquenté par les dealers. Enfin, nous montrons que la coexistence est en partie autorégulée, mais repose aussi sur la répression ainsi que sur une médiation organisée par des acteurs associatifs qui permettent un dialogue entre les représentant-e-s de l’école, les résident-e-s, la police et les dealers.

How can urbanites tolerate, and even see an advantage in, the presence of drug dealers on their streets? Based on an ethnographic study and interviews with residents, shopkeepers and drug dealers on two streets of Geneva (Switzerland) city centre, this paper analyses the dynamics allowing these actors to coexist. We focus on what we call a process of familiarisation. It happens when an individual progressively learns, by getting used to a certain environment, what its normality is, and when he or she should worry. Upholding “normal appearances” is central, as well as moral norms, which drug dealers try to respect. We highlight the spatial dimension of the familiarisation process, by focusing on the close proximity between an elementary school and a public space in which drug dealers congregate. Finally, we show that this coexistence is partly self-organised, although it is also supported by policing and by community workers who help school representatives, residents, the police force and drug dealers to maintain a dialogue.

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