2007
Cairn
Christophe Solioz, « Comment sortir de l'impasse ? », Le Courrier des pays de l'Est, ID : 10670/1.7hpnze
Tous les acteurs, qu’ils soient extérieurs ou nationaux, portent une part de responsabilité dans les profonds blocages que connaît actuellement ce pays, divisé en deux entités, fragmentées en cantons, et dirigé par une présidence collégiale «ethnique» (un Serbe, un Bosniaque, un Croate). Mais comment inventer l’après-Dayton, face aux partis nationalistes, aux désaccords au sein même de la communauté internationale et à la perte d’attractivité de l’intégration européenne ? Mais aussi face à l’absence générale, selon l’auteur, de volonté de construire un projet collectif, basé sur des valeurs communes, au-delà des clivages et des crispations sur des identités communautaires calquées sur des territoires ? D’autant que cet état de choses profite à des clans politiques craignant que le moindre changement ne mette à mal leur pouvoir. L’impossible réforme de l’administration, pléthorique et fragmentée, et de la police, sans parler de celle des institutions, est à cet égard symptomatique. Mais les hommes politiques semblent ainsi ne pas vouloir entendre une population, qu’elle soit bosno-serbe ou bosno-croate, au sein de laquelle, selon une étude britannique, émerge un consensus pour construire un véritable Etat commun centralisé, divisé en régions, avec pour seule capitale Sarajevo, et cessant de tourner ses regards vers Zagreb et Belgrade. Les scrutins électoraux d’octobre 2006 ont néanmoins confirmé la donne politique en faveur des partis nationalistes, sauf à l’élection présidentielle, qui a vu leur défaite. De son côté, l’Onu a allongé d’un an la mission du Haut Représentant, l’Union européenne devant prendre ensuite le relais mi-2008, avec une feuille de route recentrée sur l’intégration européenne. Les négociations techniques de l’Accord de stabilisation et d’association avec Bruxelles sont terminées, mais sa signature achoppe sur le manque de réformes, là encore, et la coopération avec le TPIY. Au-delà, afin de bénéficier des fonds de l’Instrument d’aide à la pré-adhésion (IPA), le pays devra réaliser plusieurs objectifs socio-économiques en matière de commerce extérieur, marché du travail, politique fiscale, etc. La croissance a été évaluée à 5-6 % en 2006, mais 50 % de la population vit grâce à diverses aides et/ou la culture d’un lopin de terre, la plupart étant en situation d’exclusion sociale.