Le démocrate doit-il renoncer à la vérité ? Sur le procéduralisme épistémique de David Estlund

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2019

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Cet article propose une relecture critique du procéduralisme épistémique élaboré par David Estlund. Cette théorie suggère une voie prometteuse pour justifier démocratie sans renoncer à la poursuite de la vérité. En proposant de faire dépendre la légitimité et l’autorité des procédures démocratiques de leur tendance générale à produire de bonnes décisions, plutôt que de la justesse constante de leurs résultats ou à l’inverse de leur seule équité procédurale, il montre qu’elles peuvent être reliées à une visée substantielle, telle la justice, sans ignorer pour autant la persistance des désaccords à son endroit. En soumettant ces procédures à une double exigence, à la fois épistémique et égalitaire, il montre qu’une conception mixte de la valeur de la démocratie est concevable. Mais en refusant de prendre parti sur la nature de la vérité, sur le choix du critère objectif devant guider l’évaluation des décisions politiques ou sur la théorie morale permettant d’expliciter les contraintes que l’égal égard dû aux personnes impose au choix des procédures, le procéduralisme épistémique s’interdit de construire une justification convaincante de la démocratie. Une justification philosophique de la démocratie doit, pour rendre compte de ce qui fait sa valeur, prendre position sur la nature de la vérité, de la justice et de l’égalité.

This article provides a critical examination of David Estlund’s epistemic proceduralism. Epistemic proceduralism suggests a promising way to justify democracy without renouncing the pursuit of truth. By making the legitimacy and authority of democratic institutions dependent on their general tendency to produce good decisions, rather than on the correctness of their results or on their mere procedural fairness, it shows that they can to be connected to substantial standards, such as justice, without ignoring the persistence of moral disagreements. By subjecting political procedures to a dual requirement, both epistemic and egalitarian, it suggests that a mixed conception of the value of democracy can be articulated. But by refusing to take sides on the nature of truth, on the choice of the relevant substantial standard, or on the moral theory defining the constraints that equal respect imposes on the choice of political procedures, epistemic proceduralism fails to offer a convincing defence of democracy. In order to explain what makes democracy valuable, a philosophical conception must take a position on the nature of truth, justice and equality.

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