2019
Cairn
Charles Girard, « Le démocrate doit-il renoncer à la vérité ? Sur le procéduralisme épistémique de David Estlund », Diogène, ID : 10670/1.7j9yw5
Cet article propose une relecture critique du procéduralisme épistémique élaboré par David Estlund. Cette théorie suggère une voie prometteuse pour justifier démocratie sans renoncer à la poursuite de la vérité. En proposant de faire dépendre la légitimité et l’autorité des procédures démocratiques de leur tendance générale à produire de bonnes décisions, plutôt que de la justesse constante de leurs résultats ou à l’inverse de leur seule équité procédurale, il montre qu’elles peuvent être reliées à une visée substantielle, telle la justice, sans ignorer pour autant la persistance des désaccords à son endroit. En soumettant ces procédures à une double exigence, à la fois épistémique et égalitaire, il montre qu’une conception mixte de la valeur de la démocratie est concevable. Mais en refusant de prendre parti sur la nature de la vérité, sur le choix du critère objectif devant guider l’évaluation des décisions politiques ou sur la théorie morale permettant d’expliciter les contraintes que l’égal égard dû aux personnes impose au choix des procédures, le procéduralisme épistémique s’interdit de construire une justification convaincante de la démocratie. Une justification philosophique de la démocratie doit, pour rendre compte de ce qui fait sa valeur, prendre position sur la nature de la vérité, de la justice et de l’égalité.