Épidémie de malaises survenus dans un hôpital : une enquête qualitative

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Entre le 26/10 et le 26/11/2000, l’Hôpital de l’Archet 2, CHU de Nice, a dû faire face à une épidémie de malaises touchant plus de 40 % de son personnel. L’objectif de notre étude est de décrire par une approche psychosociale la façon dont les agents ont vécu ce phénomène d’une ampleur inhabituelle, afin d’apporter des éléments utiles à la gestion de ce type de crise. Une enquête qualitative par entretiens a été menée auprès des 12 premiers agents atteints, et une analyse des coupures de presse publiées dans cette période a été effectuée afin de préciser l’impact des médias sur le phénomène. Notre étude montre qu’à partir d’un problème initial possiblement lié à la qualité de l’air, un ensemble de facteurs a pu participer à la génèse d’un phénomène psychogénique de masse : terrain ancien de revendication et sentiment de non reconnaissance de la réalité des troubles décrits par les agents concernés, absence de cause apparente à la survenue de symptômes, représentation collective concernant des émanations de produits toxiques entretenue par les déclarations des médias. Outre les mesures techniques en direction du bâtiment, notre étude démontre la pertinence d’un traitement conjoint du corps social représenté par la communauté des professionnels concernés, afin de faciliter la résolution du problème, et d’en éviter les récidives à plus ou moins long terme.

An outbreak of non-specific complaints of illness and poor health occurred among 40% of the staff at the Archet 2 Hospital in Nice, France, between October 26 and November 26, 2000. This study utilises a psychosocial approach to describe how health-care workers experienced this unusually extensive phenomenon, and aims to contribute useful findings to the management of this type of emergency situation. A qualitative survey was conducted through face to face personal interviews with the first twelve staff members concerned; moreover, articles published in the press during that period were analysed in order to asses the impact of the media on this event. The study demonstrates that, although the source of the problem originated from an issue possibly related to questionable air quality, there were actually an array of factors which contributed to generate a mass psychogenic phenomenon: substantial collective societal complaints and staff members’ perceived non-acknowledgement of the reality of their symptoms, lack of an obvious cause to account for those symptoms and collective representation regarding toxic gases, which were all claims promulgated by articles in the press. In addition to the need for technical improvements on the building and premises, the study underlines the relevance of simultaneously addressing related issues with the social structure, represented by the community of concerned hospital personnel, in order to facilitate a solution to the problem and avoid its potential recurrence in the future.

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