2021
Cairn
Antoine Perrier, « Gouverner sans compter : Les effectifs des fonctionnaires marocains et tunisiens entre État colonial et monarchies protégées », Histoire & mesure, ID : 10670/1.7k0kg9
Le nombre de fonctionnaires dans deux pays sous protectorat (Maroc et Tunisie) pose la question de la nature véritable du protectorat. Souvent décrit comme le paravent juridique d’une domination directe d’une administration française toute-puissante sur des monarchies marginalisées (les Makhzens), le protectorat apparaît sous un autre jour quand il est soumis à l’examen critique des chiffres, comptages et questions budgétaires de l’administration. Les fonctionnaires français sont plus chers que nombreux et le gouvernement colonial repose, dans ces deux pays, sur un nombre important d’agents « protégés », contrairement à l’Algérie. Il apparaît aussi que l’État colonial a refusé de compter des serviteurs des monarchies dont la rémunération n’était pas inscrite au budget de l’État. En revenant pourtant aux sources arabes, il apparaît que les Makhzens ont continué d’identifier leurs serviteurs : il a bien existé deux véritables États au Maroc et en Tunisie à la période coloniale.