2016
Cairn
Mathieu Corteel, « La mort in vivo et le vivant postmortem », Le Philosophoire, ID : 10670/1.7kuu2m
Le dualisme de l’âme et du corps, hérité de la tradition mécaniste, occulte notre compréhension de la mort. La mort est vue comme une fragilité du corps. Ce n’est pas à cause de l’âme que l’on meurt – elle survit par principe au-delà du corps. Le problème, c’est le support. Ce présupposé métaphysique se retrouve aujourd’hui masqué dans le critère de la mort cérébrale. Ce dernier établit la mort comme état d’anoxie. La perte des facultés mentales est ce qui caractérise la mort, alors que le corps, lui, continue à vivre. Le processus de la mort est réduit à un état car, de toute évidence, ce qui importe est la conscience. Cet avatar de l’âme est ce qui caractérise la vie en l’homme. Par la perte de cette faculté nous mourrons aux yeux de l’humanité. Il faut donc à tout prix préserver la conscience en la réparant, voir même en la changeant de support. Contre ce présupposé métaphysique, je propose d’appréhender la mort non comme un état mais comme un processus déjà à l’œuvre dans le vivant. L’événement de la mort n’est pas réductible à son effectuation dans l’interruption de la conscience. Son processus l’excède. Il y a de la mort dans le vivant et du vivant dans la mort.