Les territoires de l'opposition au Nigeria

Résumé 0

S'il n'y a pas d'élections pluralistes sans parti politique, il n'y a pas de démocratie sans parti(s) d'opposition capable(s) de représenter une alternative au parti au pouvoir et surtout en mesure de remplacer celui-ci à travers des élections. Nous analysons ici l'opposition nigériane à travers la notion de « territoires » qui nous paraît être appropriée pour cerner ses spécificités. Ce faisant, nous évitons d'opter pour analyse exclusivement constitutionnelle ou juridique, d'autant moins pertinente dans un pays où la suprématie du droit sur le politique n'est pas une réalité, et nous avons recours à une démarche interdisciplinaire plus à même de cerner la notion d'opposition. L'analyse de parti(s) politique(s) (d'opposition ou non) et encore plus lorsqu'il s'agit d'un système de partis, ne peut faire l'économie de la question de leur environnement institutionnel et constitutionnel, ainsi que de leur histoire. Nous montrons que le présent régime présidentiel nigérian ne permettant que très peu l'expression institutionnelle de l'opposition, cette expression est à chercher dans l'opposition extraparlementaire. Nous concluons que si la possibilité pour un parti politique de l'opposition d'accéder au pouvoir à l'échelle fédérale semble encore aujourd'hui assez mince au Nigeria, la continuité de « familles » politiques (de l'AG à l'AC ou du NEPU au PRP) à travers les périodes de régimes militaires et civils, sans jamais accéder au pouvoir central, démontre si besoin était l'enracinement du multipartisme nigérian. Enfin, la possibilité d'appliquer au moins pour partie sa politique à l'échelle locale, mais aussi d'accéder à une partie des ressources de l'Etat en contrôlant certains Etats fédérés, permet l'existence et le maintien d'une opposition.