« Au nom du père ? Réécriture du mythe d’Électre dans Électre ou la Chute des masquesde Marguerite Yourcenar », à paraître en 2019 dans "Clasicos in escena ayer y hoy", p. 443-460, Actes du Congrès CLASTEA IV, Saint Jacques de Compostelle

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8 novembre 2019

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Rémy Poignault, « « Au nom du père ? Réécriture du mythe d’Électre dans Électre ou la Chute des masquesde Marguerite Yourcenar », à paraître en 2019 dans "Clasicos in escena ayer y hoy", p. 443-460, Actes du Congrès CLASTEA IV, Saint Jacques de Compostelle », HAL-SHS : littérature, ID : 10670/1.7lt8ai


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Au nom du père ? Réécriture du mythe d'Électre par Marguerite Yourcenar dans Électre ou la Chute des masques (In the name of the father ? How Marguerite Yourcenar rewrites Electra's myth in Electra or The Fall of the Masks) Rémy POIGNAULT remy.poignault1@orange.fr Université Clermont Auvergne, CELIS EA 4280 Résumé : Dans Électre ou la Chute des masques de Marguerite Yourcenar, la trame dramatique est pour ainsi dire inchangée par rapport à la tradition du mythe telle qu'elle a été transmise et revue par Euripide, mais les motivations d'Électre sont bien différentes : la haine qu'elle éprouve pour sa mère cache un amour inavoué pour Égisthe ;; et Oreste en assassinant l'amant de sa mère, bien loin de venger son propre père, le tue, car il apprend in extremis qu'il n'est pas le fils d'Agamemnon, mais le fruit des amours illégitimes de Clytemnestre et d'Égisthe ;; ne supportant pas cette découverte et pour rester à jamais le frère d'Électre, il va jusqu'au bout de la volonté d'Électre. Yourcenar, Électre, Oreste, Égisthe, réception de l'Antiquité Abstract : In Marguerite Yourcenar's Electra or the Fall of the Masks, the dramatic plot is almost unchanged from the tradition as it was transmitted and revisited by Euripides, but the motivations of Electra are very different : the hatred she feels for her mother hides an unconfessed love for Aegisthus ;; and Orestes by murdering the lover of her mother, far from avenging his own father, kills him, because he learns at the last minute that he is not Agamemnon's son, but the fruit of the adulterous loves of Clytemnestra and Aegisthus ;; he does'nt endure this discovery and, to remain for ever Electra's brother, he carries out Electra's wishes. Yourcenar, Electra, Orestes, Aegisthus, reception of Antiquity Marguerite Yourcenar s'est intéressée à diverses reprises à la légende des Atrides : elle évoque brièvement Électre dans un essai, « La Symphonie héroïque », paru en 1930 dans La Revue de Genève 1 ;; en 1935, elle publie un court article dans la revue Le Voyage en Grèce intitulé « Apollon tragique » 2 ;; l'année suivante, son ouvrage Feux comporte un « Clytemnestre ou le crime » 3 ;; en outre, dès 1943-1944 Yourcenar compose 4 Électre ou la Chute des masques, qu'elle fait paraître dans la revue le Milieu du siècle, 1, 1947 : 23-66, mais la pièce ne sortira en volume qu'en 1954 chez Plon 5. Yourcenar voit le mythe d'Électre comme « épuis[ant] tour à tour tous les aspects de la famille criminelle » (Yourcenar 1945 : 38) et comme « pos[ant] le double problème de la justice absolue et de la solidarité familiale » (Yourcenar 1945 : 40). Je voudrais ici examiner principalement comment dans sa réécriture du mythe Yourcenar traite le rapport d'Électre et Oreste à leur père. La présence du père est très forte dès les Choéphores d'Eschyle, et pas seulement par la proximité sur scène de son tombeau : c'est au nom du père que s'exécute la vengeance, après la rupture du modèle familial, Clytemnestre ayant non seulement pris un amant en l'absence d'Agamemnon, mais encore ayant assassiné son époux avec l'aide de cet amant à son retour des dix années de la guerre de Troie, comme l'on sait. Et c'est par une autre perversion des rapports familiaux, que ce retour problématique à la justice, nécessitant la décision d'un tribunal nouvellement créé, va s'opérer : le meurtre de la mère. La trilogie d'Eschyle souligne l'établissement d'une nouvelle loi et la fin du matriarcat : les valeurs viriles y sont affirmées et on assiste au passage de l'ancienne loi à la nouvelle loi dans Les Euménides, portée par Apollon et la peu féminine Athéna 6. Les Érinyes y sont « les vieilles filles d'un antique passé » 7. Ce sont les valeurs du père qui sont mises en avant par Apollon et Athéna au grand scandale du Coryphée. Apollon s'appuie sur une théorie de la conception humaine qui dénie à la mère tout rôle actif, la réduisant au statut de réceptacle de la semence masculine : « Ce n'est pas la mère qui enfante celui qu'on nomme son enfant : elle n'est que la nourrice du germe en elle semé. Celui qui enfante, c'est l'homme qui la féconde ;; elle, comme une étrangère, sauvegarde la jeune pousse-quand du 1 Yourcenar 1930. 2

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