Balzac lecteur des romanciers de son temps (1825-1840)

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2021

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Alex Lascar, « Balzac lecteur des romanciers de son temps (1825-1840) », L'Année balzacienne, ID : 10670/1.7p61vt


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De 1824 quand il termine ses « Premiers romans » et songe à une Histoire de France pittoresque plutôt scottienne, jusqu’à 1840, Balzac a lu aussi bien ceux qu’il appelle une fois les « infimes » que des écrivains en vogue qu’il prise plus ou moins ou des écrivains majeurs, mais à tous, le plus souvent, il accorde une sérieuse, minutieuse attention, argumentant et analysant dans le détail. Parfois, au vrai, il lit partiellement. Il lit aussi en fonction de ses préjugés et convictions, libéral à ses débuts, légitimiste avoué après 1831. Jusqu’à cette date, journaliste prisé, mais journaliste parmi d’autres, il s’astreint à une certaine prudence. Ensuite, devenu un auteur d’importance, il affirmera un peu plus nettement ses points de vue, mais tout en sachant ménager au besoin certains de ses confrères. Enfin, en 1840, dans le premier numéro de la Revue Parisienne, le 25 juillet, il expose son Code de la lecture, d’une totale liberté mais fondée sur une instruction positive, approfondie, et sa conception de l’art littéraire.Il condamne absolument les digressions, ces hors-d’œuvre appelés tartines (précisément il n’y en pas chez Stendhal). Il veut un plan fortement noué (cela manque à G. Sand). Le lecteur croit l’auteur si l’auteur croit en lui-même. Il faut donc bannir toutes ces notes (chez Latouche, chez Sue) qui veulent prouver. À l’été 1840 il veut dire, sur une question essentielle, l’enseignement qu’il tire de ses lectures du moment. La vérité de l’art n’est pas celle de la nature. Le lecteur doit être convaincu que les personnages sont vrais. Ils doivent en tout cas le paraître, grâce aux choix judicieux de l’auteur, à son sens et à son intuition littéraires.Balzac notait dans la Physiologie du mariage : « lire c’est peut-être créer à deux ». Les œuvres intéressantes mais évidemment imparfaites, même des œuvres, à nos yeux, accomplies ( La Chartreuse de Parme), il a tendance à vouloir les recréer avec l’auteur, pour les rendre bien meilleures… « balzaciennes » pourrait‑on dire. Balzac est donc un lecteur pointilleux, parfois acerbe, mais ouvert aux vraies beautés, et capable d’adresser à Stendhal le plus bel hommage qu’un romancier ait rendu à un autre romancier. En tout cas il ne lit pas en spectateur détaché mais en créateur toujours engagé.

From 1824 when Balzac was finishing his “Premiers romans” and planning a Scott-style Histoire de France pittoresque until 1840, he had read not only those writers he on occasion labels “tiny”, and fashionable, more or less worthwhile, writers but also major authors, more often than not subjecting them all to careful, serious attention and close, detailed analysis. In point of fact, however, his reading was cursory. It was also dependent on his prejudices and personal convictions, liberal at first, and then explicitly “légitimistes” after 1831. Before that date, as a reputed journalist but as one among many, his comments were somewhat circumspect. Thereafter, having become an author of note, he asserted his opinions more firmly, whilst when necessary avoiding upsetting some colleagues. In 1840, in the first issue of the Revue Parisienne of July 25th, he elaborated his Code de la lecture, advocating total freedom but inspired by positive, in-depth knowledge, as well as his view of the art of literature. He unequivocally condemned digressions, as gratuitous fillers and garnishes (non-existent indeed in Stendhal). He insisted on a carefully executed plan (lacking in G. Sand). The reader believes the writer if the writer believes in himself. Consequently, foot-notes were disallowed (in Latouche and Sue) as vindicatory. In the summer of 1840, on a key point, Balzac wanted to explain what he was learning from his current reading. The truth of Art was not the truth of nature. The reader needed to be convinced that the characters were true. They at least had to appear as such, thanks to the careful choices of the author, his literary sense and his literary intuitions. In the Physiologie du mariage, Balzac noted that “reading is perhaps a dual creation”. Interesting but clearly imperfect works, even works that are in our eyes accomplished (La Chartreuse de Parme), Balzac was inclined to recreate with the writer, in order to make them much better – one might say, ‘balzacian’. Balzac was thus an exacting, on occasion acerbic, reader but appreciative of true beauty and able to pay Stendhal the finest tribute that ever one writer paid to another. For whatever the circumstances, Balzac never read as a detached observer but as an ever-committed creator.

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